Libye: Les rebelles s’emparent d’un poste frontalier avec la Tunisie
Les rebelles libyens ont gagné du terrain jeudi dans l’ouest du pays, s’emparant d’un poste frontalier avec la Tunisie. Alors que le front principal du conflit reste toujours paralysé aux abords d’Ajdabiya dans l’Est, les insurgés, aidés de l’Otan, engagent une nouvelle offensive.
L’ouest de la Libye n’est pas épargné par le conflit. La région pourrait même jouer un rôle clef dans l’avancée du conflit. Les rebelles ont gagné du terrain jeudi. Ils se sont emparés de l’un de principaux postes frontaliers avec la Tunisie, aux abords de Wazzan (Libye) et Dehiba (Tunisie).
Au poste-frontière, jonché de balles, les insurgés ont hissé de nombreux drapeaux aux couleurs de la rébellion. Selon un chef de l’opération rebelle, « entre 5 et 10 » soldats pro-Kadhafi ont été tués et 25 blessés. Une centaine d’entre eux, dont des officiers, ont tout de même réussi à s’enfuir côté tunisien pour échapper aux rebelles. Ils ont été interrogés par des militaires tunisiens, puis ramenés quelques heures plus tard en territoire libyen, à une vingtaine de kilomètres des lieux de la bataille.
Complètement désert depuis que les forces gouvernementales libyennes interdisaient tout passage, le poste-frontière ressemblait jeudi soir à un grand embouteillage, des centaines de véhicules passant dans un sens ou dans l’autre.
Cliquez sur la carte pour voir les zones de combat, le 21 avril 2011.
© AFP
Une progression vers l’ouest
Les combats secouent depuis plusieurs jours d’autres villes de l’Ouest libyen. Plus de 100 personnes ont été tuées le week-end dernier à Nalout et Yefren, deux villes de cette région pilonnées par les forces loyalistes, d’après des habitants de cette région à majorité amazighe (berbère).
L’agence officielle libyenne Jana a affirmé que des raids de l’Otan ont fait sept morts et 18 blessés parmi les civils dans la région de Khellat Al-Ferjan dans la nuit de mercredi à jeudi.
L’Otan a également confirmé jeudi qu’une frappe aérienne avait été menée dans cette région contre un « bunker abritant un centre de commandement et de contrôle au milieu d’une base militaire ». L’Alliance dit n’avoir « aucune indication de victimes civiles ».
Washington demande l’aide de l’Union africaine
Pour leur venir en aide, le secrétaire d’État américain à la Défense, Robert Gates, a annoncé que deux drones armés seraient en permanence engagés au-dessus de la Libye. L’objectif : permettre une plus grande précision dans les frappes de la coalition internationale, en évitant en particulier les victimes civiles. Si la France a exclu toute intervention au sol, elle a annoncé, tout comme l’Italie et le Royaume-Uni, l’envoi de conseillers militaires. Quelques officiers français effectuent déjà une mission pour aider le Conseil national de transition (CNT). Rome va envoyer dix instructeurs à Benghazi et Londres « moins de 20 militaires ».
La nouvelle a en revanche réjoui les insurgés sur le front Est. « Si on combine le courage de nos rebelles avec l’expérience des conseillers militaires, on obtiendra des résultats de premier plan », a déclaré un des leurs à Ajdabiya. « Nous voulons des armes et une formation. Le reste, nous pouvons le faire nous-mêmes », a-t-il ajouté.
Le président américain Barack Obama a dit « soutenir » la décision des alliés d’envoyer des conseillers militaires mais Mme Clinton a explicitement exclu que les États-Unis en envoient eux-mêmes. La secrétaire d’État américaine a souhaité d’autre part l’aide de l’Union africaine (UA) pour parvenir à une solution politique : « Nous recherchons l’aide de l’UA pour arriver à une solution politique en Libye », a-t-elle déclaré avant un entretien avec Jean Ping, le président de la Commission de l’UA.
Une situation humanitaire catastrophique
Sur le terrain, la situation humanitaire continue de se détériorer. Mercredi, deux photographes, le Britannique Tim Hetherington et l’Américain Chris Hondros, ont tous deux été tués par un obus. Un tir de mortier a également touché mercredi à Misrata deux médecins ukrainiens, tuant l’homme et blessant grièvement sa consœur.
Un ferry turc a débarqué plus de 900 réfugiés de Misrata à Benghazi, sous les yeux de dizaines d’habitants espérant apercevoir des proches dont ils sont sans nouvelles depuis des semaines, toutes les communications étant coupées. Il devait poursuivre sa route pour déposer 600 réfugiés supplémentaires à Tobrouk.
« La situation est très grave » à Misrata, a déclaré le président du CNT (instance dirigeante de la rébellion), Moustapha Abdeljalil, reçu mercredi à Paris, où il a plaidé pour une « intensification » des frappes. (Avec AFP)
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