Burkina Faso : Blaise Compaoré s’octroie la Défense dans son nouveau gouvernement
Blaise Compaoré a procédé à un remaniement gouvernemental annoncé jeudi soir. Les ministères clés sont détenus par des fidèles. Objectif : répondre aux multiples protestations de la société burkinabè.
On aurait pu s’attendre à un gouvernement d’ouverture. C’est tout le contraire qui s’est produit. Le remaniement effectué jeudi 21 avril par Blaise Compaoré consacre la place des fidèles, comme si le président burkinabè voulait reprendre les choses en main. Il s’accorde d’ailleurs le ministère stratégique de la Défense. Un portefeuille d’autant plus sensible que de nombreuses mutineries, y compris dans la garde présidentielle, ont éclatés depuis un mois. Mais bien d’autres mouvements de contestation ont débuté fin février dans la plupart des couches de la société.
« Le président du [Burkina] Faso, chef suprême des armées, assume les fonctions de ministre de la Défense et des Anciens combattants », stipule l’un des décrets lus à la télévision publique RTB. Quinze nouveaux ministres entrent dans le gouvernement, qui est le plus restreint de l’histoire du Burkina Faso. Il est composé de 29 ministres (contre 38 auparavant), et tous sont membres du parti au pouvoir ou de la mouvance présidentielle.
Djibril Bassolé aux Affaires étrangères
Ancien médiateur conjoint de l’ONU et de l’Union africaine (UA) pour le Darfour (Soudan), Djibril Bassolé décroche les Affaires étrangères. Le portefeuille de l’Économie et des Finances est confié à Lucien Marie-Noël Bembamba, beau-frère de chef de l’État, tandis que celui de l’Administration territoriale, la Décentralisation et la Sécurité, va à Jérôme Bougouma, un autre proche de Blaise Compaoré.
Nommé lundi en remplacement de Tertius Zongo, limogé au lendemain d’une mutinerie au sein de la garde présidentielle, le 14 avril, le nouveau Premier ministre Luc Adolphe Tiao, journaliste de formation et ex-ambassadeur du Burkina à Paris, dirigera un cabinet comprenant également trois femmes qui s’occuperont respectivement de l’Éducation nationale, de l’Action sociale et de la Promotion de la femme.
Avant le remaniement, Compaoré avait également remplacé les principaux responsables de l’armée, dont le chef d’état-major. Ces changements doivent permettre au pouvoir de faire face à la multiplication, depuis fin février, des manifestations plus ou moins violentes de militaires, de jeunes, d’étudiants, de magistrats, de commerçants dans tout le pays contre le régime et la cherté de la vie alors que la majorité des 16 millions de Burkinabè vivent avec environ 1,5 euro par jour. Bilan : au moins six morts, des blessés, des viols, des pillages, et des dégâts matériels considérables. (avec AFP)
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