Alain Juppé à Tunis pour recoller les morceaux

Le ministre français des Affaires étrangères sera en Tunisie pour une visite officielle visant à apaiser les relations et accompagner le pays dans un processus postrévolutionnaire.

Alain Juppé, le 13 avril 2011 à Doha. © AFP

Alain Juppé, le 13 avril 2011 à Doha. © AFP

Publié le 20 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

Alain Juppé effectue sa première visite officielle en Tunisie, mercredi 20 et jeudi 21 avril. Nommé le 1er mars en remplacement de Michèle Alliot-Marie en tant que ministre des Affaires étrangères, il aura la tâche difficile, après les événements de la révolution de janvier et l’attitude de la France à ce moment.

« La Tunisie n’est pas du tout abandonnée. Nous faisons beaucoup d’efforts pour l’aider », a récemment assuré Alain Juppé comme pour démentir les errements de l’ex-ministre des Affaires étrangères, qui avait tardé à prendre la mesure du mouvement populaire en Tunisie et qui s’était illustrée par ses rapports ambigus avec ce pays.

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« J’assurerai mes interlocuteurs de l’engagement de la France », a donc précisé mardi Alain Juppé qui devrait rencontrer Fouad Mebazaa, le président par intérim, Béji Caïd Essebsi, le Premier ministre du gouvernement transitoire et son homologue tunisien, Meldi Kéfi. Il s’entretiendra aussi avec des blogueurs ainsi qu’avec les présidents des trois commissions chargées de la transition : Abdelfattah Amor (investigation sur les affaires de corruption et malversations), Yadh Ben Achour (réforme politique et transition démocratique) et Taoufik Bouderbala (établissement des faits sur les abus).

Appel à investir

Depuis quelques semaines, les efforts de Paris pour faire oublier le « flottement » du début d’année à son ancien protectorat ont redoublé. Après avoir remplacé son ambassadeur sur place par Boris Boillon – qui s’était lui-même discrédité en qualifiant de « débiles » ou de « n’importe quoi » des questions de journalistes avant de s’excuser publiquement la France a envoyé plusieurs de ses ministres en Tunisie, promettant aide et accompagnement dans l’après-révolution.

Le pays a prévu des élections le 24 juillet et en est à son deuxième Premier ministre depuis le départ du président déchu Zine el-Abidine Ben Ali, le 14 janvier. L’économie demeure fragile et le tourisme, sa pierre angulaire, reste en deçà des espérances. Le taux de croissance est estimé entre 0 et 1 % en 2011 alors que, selon l’économiste Guy Sorman, « la démocratie, pour s’établir, nécessite de 8 à 10 % ».

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Alain Juppé a appelé à « investir massivement pour aider les pays en transition démocratique à rétablir leur situation économique et à retrouver un rythme de croissance suffisant », indiquant que les Tunisiens attendaient « beaucoup de la France ».

"Risque de désenchantement"

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Car  l’enjeu est de taille : la réussite de la révolution en Tunisie et l’ancrage de la démocratie y seraient une marque de stabilité, à l’intérieur comme auprès des autres pays de la région touchés à leur tour par « le printemps arabe ». Elle garantirait aussi à l’Europe une immigration tunisienne limitée, la question étant actuellement au coeur des débats.

Faute de progrès, il existe « des menaces sur la révolution tunisienne » et un « risque de désenchantement réel », a récemment mis en garde la Tunisienne Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale pour les droits de l’homme (FIDH). Selon elle, l’Union européenne et la France « font preuve de frilosité » à l’égard de la nouvelle Tunisie.

Pour Radhia Nasraoui, avocate tunisienne, la situation des droits de l’homme est également « critique » en dépit des premières réformes engagées. Citant des cas récents de tortures, elle a dénoncé devant Alain Juppé des « méthodes barbares », selon elle toujours en vigueur dans un pays où la justice n’a pas encore acquis son indépendance.  (avec AFP)

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