Maroc : reforme.ma, le site qui fait débat

Créé par deux ingénieurs marocains, le site reforme.ma est devenu un lieu incontournable de débat sur la prochaine réforme constitutionnelle. Des milliers de personnes ont déjà fait des propositions. Et donné leur avis sur chaque article, même les plus sensibles.

Une du site reforme.ma où près de 100 000 marocains ont déjà débattu de la future Constitution. © Capture J.A.

Une du site reforme.ma où près de 100 000 marocains ont déjà débattu de la future Constitution. © Capture J.A.

Publié le 19 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

Tout est parti du discours du roi Mohamed VI, le 9 mars dernier. Le souverain marocain annonce d’importants changements politiques visant notamment à renforcer l’indépendance de la justice et la séparation des pouvoirs. Dès le lendemain, il met en place une Commission consultative pour la réforme de la Constitution, dirigée par Abdeltif Menouni.

Mais les citoyens entendent bien participer au débat – et pas seulement dans la rue. Tarik Nesh-Nash et Mehdi Slaoui Andaloussi, deux ingénieurs en informatique à Tanger, ont alors l’idée de lancer un site internet : reforme.ma. « On est partis de l’idée suivante : avant de réformer une constitution, le meilleur moyen est de la lire et de la commenter librement, article par article », déclare Tarik Nesh-Nash, 31 ans.

la suite après cette publicité

Plateforme participative

Le fonctionnement du site est simple : l’internaute a la possibilité d’émettre des commentaires sur tous les articles de la Constitution, et faire ses propres propositions. Il en va ainsi, par exemple, de l’article 1 qui proclame que « le Maroc est une monarchie constitutionnelle, démocratique et sociale ». Plus de 6 000 internautes se sont déjà dit en accord avec cet énoncé, et 1 900 y sont opposés. Les propositions fleurissent : plutôt « une démocratie parlementaire » pour « Fahd », « un État laïc » pour « Hamzaf », ou encore « une monarchie constitutionnelle populaire » pour « MistS ».

Relatif au statut de commandeur des croyants conféré au roi, l’article 19 de la Constitution est au cœur de bien des débats. C’est l’un des points de la Constitution qui suscite le plus d’intérêt : près de 10 000 commentaires lui sont consacrés. Des avis généralement très contrastés : 5 150 y sont favorables, contre 4 243 qui ne le sont pas (selon un décompte du 19 avril, à 18 heures).

Politisation de la société

la suite après cette publicité

« Personnellement je pense que le fait que le roi soit le symbole […] de notre religion c’est acceptable. Le problème réside dans la façon avec laquelle on interprète cela », réagit une internaute. « Je propose qu’on limite les tâches du roi […]. Je pense qu’il devrait plus être un arbitre plutôt qu’un décideur ! », poursuit-elle.

L’audience du site est importante et montre la politisation de la société marocaine. « Le site compte aujourd’hui plus de 100 000 visiteurs, ce qui dépasse nos prévisions et traduit l’envie des Marocains de s’exprimer librement sur tous les sujets politiques, y compris les plus sensibles », analyse Nesh-Nash.

la suite après cette publicité

L’engouement pour reforme.ma est tel que vendredi dernier, Nesh-Nash a été contacté par les responsables de la Commission pour la réforme de la Constitution, qui doit rendre ses conclusions au roi le 16 juin. Une fois de plus, internet a démontré – malgré ses détracteurs – son utilité dans le débat démocratique. (avec AFP)

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Abelatif menouni, président de la Commission de révision de la constitution. © Hassan Ouazzani pour J.A.

Maroc : Abdeltif Menouni, le fqih de la Constitution

Abdeltif Menouni préside la Commission consultative de la révision de la Constitution du Maroc. © Hassan Ouazzani pour J.A.

« La politisation de la jeunesse marocaine est positive », selon le professeur Menouni

Des Marocains manifestent à Rabat, le 20 mars 2011. © AFP

Maroc : le printemps dans la rue

Les réseaux sociaux en ligne ont joué un rôle crucial en amont des révolutions. © DR

La « ligue arabe » du net

Contenus partenaires