Côte d’Ivoire : le retour à la normale prendra du temps

Le nouveau président ivoirien Alassane Ouattara souhaite une reprise de l’activité administrative et économique au plus vite. Au port d’Abidjan, pilier de l’économie ivoirienne, les navires arrivent au compte-gouttes depuis la fin de semaine dernière : deux pétroliers et un méthanier ont déjà accosté et deux navires chargés de poisson et de fruits, ainsi qu’un petit porte-conteneurs doivent arriver mardi, avant la reprise très attendue des exportations de cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial.

Lundi 19 avril, Alassane Ouattara a appelé les fonctionnaires à regagner leurs postes, une semaine après la chute de Laurent Gbagbo, leur demandant de reprendre « impérativement » le travail de 07h30 à 16h30. Mais si quelques taxis et bus ont été pris d’assaut tôt dans la matinée en direction du quartier administratif du Plateau, à Abidjan, et aux alentours du palais présidentiel, le reste de la journée s’est déroulé dans le calme.

Le Plateau, théâtre de combats pendant dix jours jusqu’à l’arrestation de Laurent Gbagbo, est resté peu animé et s’est vite vidé dès le début de l’après-midi.

"La machine d’État à l’arrêt"

Le ministre de la Fonction publique, Gnamien Konan, a repris le travail lundi. « Je suis venu simplement constater ce qu’il y a à faire, faire le point avec tous les responsables, et voir quelles sont les choses urgentes à mettre en place pour que le service redémarre rapidement », a-t-il déclaré. « Ça fait quatre mois que la machine d’État est à l’arrêt. Je constate qu’ici, au niveau des locaux de la Fonction publique, les gens sont en place », a ajouté le ministre, sous le portrait de Laurent Gbagbo, toujours accroché au mur.

Un fonctionnaire de l’Assemblée nationale a de son côté expliqué avoir vu « un cadavre en décomposition » devant l’entrée du bâtiment. « Et les pillards ont volé tous les ordinateurs, tout fouillé, renversé. Je ne sais pas si on pourra travailler avant deux, trois mois », a-t-il dit, montrant que pour beaucoup, la reprise n’était pas encore envisageable.

Ouattara attend la réfection du palais et de la résidence présidentiels

À Cocody, les stigmates de l’assaut final donné par les combattants pro-Ouattara soutenus par la force Licorne et l’Onuci persistent toujours. Le Premier ministre Guillaume Soro a inspecté la résidence présidentielle où Laurent Gbagbo a été arrêté avec sa femme Simone, ses enfants et petits-enfants, et des employés. Impacts de roquettes, murs noircis, blindés calcinés, chaos dans les appartements : l’intérieur et les alentours doivent être totalement réhabilités.

Alassane Ouattara entend prendre possession dès que possible de la résidence de Cocody et du palais présidentiel mais en attendant leur réfection, il s’apprête à regagner sa résidence privée. Quant à Henry Konan Bédié, lui aussi reclus au Golf Hôtel pendant la crise postélectorale, il va emménager dans sa résidence non loin de chez Alassane Ouattara.

L’insécurité persiste

Les forces françaises de l’opération Licorne en Côte d’Ivoire ont par ailleurs remis aux autorités ivoiriennes le contrôle de l’aéroport international d’Abidjan. L’Onuci et la Licorne conservent néanmoins une présence sur place, pour assurer la sécurité.

À Abidjan aussi, la sécurité n’est pas totalement revenue et selon des témoins lundi, des coups de feu sporadiques retentissaient encore. Dans le quartier pro-Gbagbo de Yopougon, où des miliciens sont encore présents, les habitants vivent toujours « la peur au ventre », a avoué l’un d’eux.

Malgré tout, le couvre-feu instauré depuis le 31 mars, à l’arrivée des forces pro-Ouattara dans Abidjan, a été levé sur tout le territoire, a annoncé la télévision ivoirienne (TCI) lundi soir.  (avec AFP)