Toutes fières sur leurs chaises alignées, le sourire ravi, elles reprennent en chœur : « Le dimanche à Bamako, c’est le jour de mariage… » Dans la cour ombragée du centre Rosalie Javouhey de Port-au-Prince, la capitale haïtienne, des dizaines de petites filles, robe bleue et socquettes blanches, poussent la chansonnette devant Amadou et Mariam.

Les chanteurs originaires du Mali sont depuis peu les nouveaux ambassadeurs du Programme alimentaire mondial (PAM) contre la faim, auprès de l’Union européenne (UE). Du 7 au 11 avril, ils ont sillonné Port-au-Prince, à la découverte des projets du PAM financés par l’UE. Les deux stars le répètent à l’envi, ils aiment beaucoup les enfants et sont « très contents » d’être là. Et à chaque rencontre, son petit concert et son Dimanche à Bamako.

L’école privée catholique qu’ils visitent ce vendredi 8 avril accueille 500 enfants. Chacun y reçoit un repas l’après-midi, grâce aux programmes de cantine scolaire du PAM. « La situation des petites filles en domesticité nous a particulièrement touchés, précise Mariam. Nous n’étions pas au courant de ce problème. »

Chanter pour oublier

Partout où ils passent, l’accueil qu’ils reçoivent est plus que chaleureux. La veille, ils ont rencontré des femmes enceintes et allaitantes ainsi que leurs enfants dans une clinique du camp l’Aviation. Quotidiennement, chacun y reçoit des compléments nutritionnels. « Le combat contre la malnutrition des enfants est très important pour nous », assure Mariam. Le couple a fait quelques pas sur les chemins poussiéreux du camp, où vivent encore 25 000 Haïtiens déplacés à la suite du séisme. Aussitôt entourés par des dizaines d’habitants, ils ont fredonné quelques chansons. « Chanter, c’est oublier un peu les problèmes du quotidien », confie Mariam.

Même scénario à Carrefour, l’un des quartiers de la capitale, durement touché par le tremblement de terre. Des femmes ont pris en charge la reconstruction de leurs logements, avec le soutien d’ECHO, le service d’aide humanitaire de la Commission européenne, et du PAM. « C’est une bonne chose que les habitants prennent les choses en main, explique Amadou. Retourner au travail pour reconstituer le pays, c’est le début d’une nouvelle vie. »

Un reportage du PAM sur la visite d’Amadou et Mariam en Haïti.

Porte-paroles du drame haïtien

La collaboration d’Amadou et Mariam avec le PAM n’est pas nouvelle. Elle a débuté en 2006 autour du festival Paris-Bamako organisé à l’Institut des jeunes aveugles de la capitale malienne, dont ils étaient les parrains. « Nous avons mis en place des cantines scolaires à l’Institut de Bamako et à celui de Gao, indique Amadou. Encore aujourd’hui, chaque élève reçoit un repas par jour. »

Les nouveaux émissaires du PAM ont eu carte blanche pour leur nouvelle mission. « Le 12 janvier, nous étions à Bamako et les manifestations des Maliens en mémoire des Haïtiens disparus nous ont énormément touchés, se souvient Amadou. Notre choix s’est porté sur Haïti car nous avons choisi d’affronter la réalité du terrain. Nous voulons devenir des porte-paroles de ce drame en Europe. »  À ce titre, certaines chansons de leur prochain album, qui sortira en octobre prochain, évoquent la catastrophe. Pourtant, les stars maliennes ne prévoient pas de retourner en Haïti prochainement. « Nous sommes très demandés, rappelle Mariam. Mais si l’occasion se présente, on reviendra… »

Justine Spiegel, envoyée spéciale à Port-au-Prince.

Retrouver ici le profil d’Amadou et Mariam sur le site du PAM.