Burkina Faso : une troisième ville touchée par les mutineries

Alors que Blaise Compaoré a déjà remanié son gouvernement et nommé de nouveaux chefs à la tête de l’armée, une troisième ville, Tenkodogo, est touchée par des mutineries de militaires. À Ouagadougou et Pô, on dénombre déjà plus de 45 blessés par balles.

Des habitants de Ouagadougou constatent les dégâts dans une rue de la ville, le 16 avril 2011. © AFP

Des habitants de Ouagadougou constatent les dégâts dans une rue de la ville, le 16 avril 2011. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 18 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

Après Ouagadougou, jeudi et vendredi, et Pô, de samedi soir à dimanche, une troisième ville est frappée par les troubles causés par des militaires burkinabè. Selon des habitants de Tenkodogo (185 km de Ouagadougou), des soldats sont sortis dimanche de leur caserne aux environs de 17 heures (locales et GMT). Direction : le marché, où ils n’ont visiblement pas commis de pillages. Mais les commerçants ont pris peur et fermé leurs échoppes.

Ils tiraient en l’air avec des kalachnikov et ont « retiré des véhicules et des motos des particuliers », a indiqué un habitant. Ces incidents surviennent alors que le calme était revenu à Pô. Située à 143 km de Ouagadougou, à la frontière ghanéenne, c’est une ville symbolique pour le président burkinabè, Blaise Compaoré, qui y a dirigé son centre national d’entraînement et de commandement (CNEC). Et c’est de là que Compaoré, alors capitaine, est parti pour renverser le commandant Jean-Baptiste Ouédraogo et installer au pouvoir son ami et compagnon d’armes, Thomas Sankara, en 1983. Avant que ce dernier ne soit tué en 1987, lors du coup d’État de Compaoré. Tous les éléments de l’actuelle garde présidentielle burkinabè, basée à Ouagadougou où a commencé la mutinerie jeudi dernier, ont été formés à Pô.

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Nombreuses concessions

Les soldats mutins de Pô ont entamé des négociations avec les autorités, qui se poursuivaient dans la nuit, selon une source sécuritaire. Blaise Compaoré a déjà fait plusieurs concessions. Vendredi soir, le chef de l’État burkinabè a dissous le gouvernement du Premier ministre Tertius Zongo. Il a également promu des fidèles dont certains étaient ses compagnons au moment de sa prise du pouvoir en 1987, comme le colonel-major Honoré Nabéré Traoré, nommé à la tête de l’armée, et le nouveau chef de corps de la Garde présidentielle, le colonel-major Bouraima Kéré. Samedi soir, de nouveaux responsables avaient été nommés à la tête des armées de terre, de l’air et de la gendarmerie.

À Ouagadougou, la première nuit de couvre-feu, instauré samedi de 19h00 à 06h00 (locales et GMT) par le ministère de la Sécurité, a été calme, selon un journaliste de l’AFP. Au moins 43 personnes ont été blessées par balle depuis jeudi à Ouagadougou, et deux à Pô, selon un décompte fait par l’AFP à partir de sources hospitalières.

Sièges de partis incendiés

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Par ailleurs, deux partis d’oppostion, l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS) de Me Bénéwendé Stanislas Sankara, le principal opposant burkinabè, et le Front des forces sociales (FFS), ont annoncé dimanche à l’AFP que leurs sièges à Ouagadougou ont été attaqués samedi soir par des individus non identifiés qui y ont mis le feu, qui a été ensuite éteint.

Samedi, excédés par les pillages des soldats mutins, des commerçants de la capitale s’en sont pris à plusieurs édifices publics. Le ministère français des Affaires étrangères déconseille désormais fortement aux Français tout voyage au Burkina Faso, a indiqué dimanche son site internet. (avec AFP)

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