Burkina Faso : mutinerie au sein du régiment présidentiel de Blaise Compaoré

Après les manifestations d’étudiants, d’opposants et les précédentes mutineries au sein de l’armée burkinabè, c’est au tour du régiment présidentiel de se rebeller. Motif : le non-versement d’une prime. Blaise Compaoré qui avait quitté Ouagadougou pour sa ville natale de Ziniaré dans la nuit du jeudi, est revenu dans la capitale vendredi matin.

Des soldats à Ouagadougou, le 1er avril 2011 lors d’une rencontre avec Blaise Compaoré. © AFP

Des soldats à Ouagadougou, le 1er avril 2011 lors d’une rencontre avec Blaise Compaoré. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 15 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

Blaise Compaoré est devant l’une des plus graves crises que son régime a connu depuis qu’il est arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1987. Des dizaines militaires du régiment présidentiel, qui est pourtant composé des éléments les plus performants et les mieux payés de l’armée du Burkina Faso, se sont mutinés vers 22 heures locales hier soir à Ouagadougou.

Après avoir effectué des tirs avec des armes lourdes et légères pendant plusieurs heures dans leurs casernes, ils sont sortis dans les rues pour exprimer leur colère. Selon un officier du régiment ayant requis l’anonymat, ils protesteraient contre le non-versement d’une indemnité de logement qui leur aurait été promise.

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Aux environs du palais présidentiel

Le mouvement est d’autant plus inquiétant qu’il a commencé à quelques mètres du palais présidentiel, dans le périmètre d’une vingtaine d’hectares qui abrite ce dernier. Puis il s’est rapidement étendu à une autre caserne située à environ 3 km, où logent d’autres éléments du régiment présidentiel, dont la plupart de ses officiers. C’est de là que sont sortis les soldats, la plupart à pied et tirant en l’air.

Selon une source militaire, Blaise Compaoré avait quitté la capitale Ouagadougou, dans la nuit de jeudi à vendredi, pour sa ville natale de Ziniaré, situé à une trentaine de kilomètres, avant de revenir vendredi matin.

Plus tôt, RFI avait affirmé que le président Blaise Compaoré était « allé se réfugier dans l’ancien palais de la présidence, dans le centre-ville » dès jeudi soir. Mais les coups de feu à l’arme lourde et légère se sont rapidement propagés dans la zone de cet ancien palais.

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Autre signe peu rassurant pour Blaise Compaoré : situé dans cette dernière caserne, le domicile de son chef d’état-major particulier, le colonel-major Gilbert Diendiéré, a été saccagé.

Vendredi matin, une source militaire indiquait à l’AFP que des « discussions » étaient en cours avec les mutins pour qu’ils déposent les armes. Mais après une accalmie, les tirs avaient repris à proximité des trois casernes de Ouagadougou.

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Les mouvements de contestation du président se multiplient ces derniers mois. Dernier en date, il y a une semaine, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Ouagadougou et dans plusieurs villes de l’intérieur du Burkina Faso contre un régime hyper-autoritaire qui semble prendre l’eau de tous bords.

Révolte sur révolte

Fin mars, des militaires en colère avaient protesté contre la condamnation et l’emprisonnement de certains de leurs camarades inculpés dans des affaires de mœurs et de viols. Ils s’étaient emparés d’armes de guerre dans des garnisons de plusieurs villes du pays, dont Ouagadougou. Ils avaient tiré en l’air dans les rues, pillé des boutiques et libéré certains de leurs camarades emprisonnés. Le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, n° 3 du parti au pouvoir, avait été blessé par des soldats et son domicile saccagé. Après ces incidents, Blaise Compaoré avait rencontré toutes les composantes de son armée, des simples soldats aux généraux, et annoncé la fin de la crise à l’issue de ces rencontres.

Mais la révolte de ces soldats avait été précédée par un mouvement de contestation de jeunes étudiants à la suite du meurtre, fin février, d’un des leurs lors d’une manifestation. D’autres mobilisations s’étaient produites par la suite dans tout le pays, faisant au moins six morts, dont quatre étudiants. (avec AFP)

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