Côte d’Ivoire : mission pacification pour Ouattara

Le président ivoirien Alassane Ouattara se donne « un à deux mois » pour la « pacification totale » du pays. Il a demandé à la Cour pénale internationale de mener des enquêtes sur les massacres, notamment dans l’ouest du pays, et annoncé des sanctions contre les pilleurs, y compris dans les rangs de ses forces armées.

Conférence de presse du président ivoirien Alassane Ouattara, le 13 avril 2011 à Abidjan. © AFP

Conférence de presse du président ivoirien Alassane Ouattara, le 13 avril 2011 à Abidjan. © AFP

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Publié le 14 avril 2011 Lecture : 3 minutes.

Plusieurs jours après l’arrestation de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, la Côte d’Ivoire est encore un pays « dangereux » toujours marqué par « des combats et des pillages », selon les mots du responsable des opérations de maintien de la paix à l’ONU, Alain Le Roy.

Des dizaines de milliers de personnes qui avaient fuit les combats, ne sont toujours pas rentrés chez eux. À Abidjan, les stocks alimentaires du Programme alimentaire mondial (PAM) été pillés par une bande armée, ce qui va provoquer l’interruption des distributions de nourriture, au moment où les habitants en ont le plus besoin.

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La tâche reste donc immense pour Alassane Ouattara. Ce dernier s’est donné « un à deux mois » pour parvenir à une « pacification totale » du pays. Pour ce faire, il compte mener une grande campagne de « détection des armes à Abidjan et dans les villages à l’intérieur, partout en Côte d’Ivoire » pour qu’elles « soient ramenées et brûlées ».

Patrouilles franco-ivoriennes

Le plus urgent semble en effet être de rétablir la sécurité, encore extrêmement précaire à Abidjan, condition nécessaire pour faire repartir la machine économique. Des patrouilles ivoiriennes et françaises devraient bientôt circuler à Abidjan pour montrer qu’un « État de droit se met en place », a annoncé à Paris le ministre français de la Défense, Gérard Longuet.

Les exportations de cacao, traditionnellement la principale ressource de l’État ivoirien, va reprendre « immédiatement », a par ailleurs affirmé Alassane Ouattara.

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Pour éviter que des pillages continuent d’être perpétrés par les hommes de son camp, Alassane Ouattara a averti : « Tous les soldats des Forces républicaines [FRCI] qui seront identifiés comme ayant été des pilleurs seront radiés des Forces républicaines, et de manière immédiate. »

Investigations de la CPI sur les massacres

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Mais le retour à la normale ne pourra sans doute pas avoir lieu sans que ne soient inquiétés les auteurs des massacres (900 morts violentes en tout depuis le mois de décembre selon l’ONU), notamment dans l’ouest du pays.

Alors que de lourds soupçons pèsent sur une partie des Forces républicaines de Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara, le président ivoirien s’est dit « révolté ». « Ces massacres sont inadmissibles, indignes », a-t-il expliqué, annonçant qu’il allait « demander au procureur de la Cour pénale internationale [CPI] d’engager des investigations ».

Par ce geste, Alassane Ouattara, compte vraisemblablement montrer que les criminels de son camp ne recevront aucun traitement de faveur. Mais il prend aussi un risque : que se passera-t-il si l’intervention de la CPI, qui a pour habitude de remonter en haut dans la chaîne de commandement, met en cause un des responsables de l’ancienne rébellion à laquelle il doit tant ?

Le sort de Laurent Gbagbo est aussi au cœur de la réconciliation. L’ancien président a été transféré dans un lieu « sécurisé » du nord du pays.

Le Premier ministre kényan Raila Odinga, qui avait conduit plusieurs médiations pendant la crise, a préconisé l’amnistie de l’ex-président, en vue d’apaiser les tensions. « Je ne crois pas qu’un châtiment […] résoudra les problèmes de la Côte d’Ivoire », a-t-il déclaré à Washington.

Ce n’est pas la voie que prend le gouvernement ivoirien. L’équipe du Premier ministre, Guillaume Soro, a évoqué « l’ouverture d’une enquête judiciaire » même si ce n’est pas sa priorité pour le moment.

Sur ce point, Alassane Ouattara a simplement indiqué qu’en tant qu’« ancien chef de l’État », Laurent Gbagbo devait être traité « avec considération ». (Avec AFP)

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