Des milliers d’étudiants dans les rues d’Alger contre la dévalorisation de leurs diplômes

Plusieurs milliers d’étudiants ont marché, mardi, à Alger, bravant l’interdiction imposée par les pouvoirs publics. Organisée par la Coordination nationale autonome des étudiants, la manifestation intervient dans un contexte de forte tension marqué par la dévalorisation des diplômes.

Les étudiants manifestent, à Alger, le 11 avril. © AFP

Les étudiants manifestent, à Alger, le 11 avril. © AFP

Publié le 13 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

Reçus à l’examen 20 sur 20. Le 12 avril, les étudiants ont réussi là où les partis politiques, les associations et les syndicats ont échoué. Mardi, ils étaient plusieurs milliers – 20 000 selon les organisateurs et près de 5 000 de source policière – à marcher dans les rues d’Alger. La manifestation, initiée par la Coordination nationale autonome des étudiants, a été soutenue par les comités de plusieurs universités et instituts du pays.

Engagés dans un bras de fer contre leur tutelle, les étudiants rejettent la dévalorisation de leur diplôme imposée par l’entrée en vigueur du système LMD (licence-master-doctorat). Mis en place il y a cinq ans, celui-ci est voué à arrimer l’université algérienne à celle de l’Europe. Mais les programmes ne sont pas encore harmonisés et les passerelles entre les diffférents cursus pas établies.

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Barrage de policier forcé

Les marcheurs se sont donnés rendez-vous sous la statue de l’Émir Abdelkader, rue Larbi Ben M’hidi. Objectif : rallier le siège de la présidence de la République, en amont, dans le quartier d’El Mouradia. Un parcours de quelque cinq kilomètres bouclé hermétiquement par un impressionnant dispositif policier. La procession démarre à 10 h 30. Pancartes revendicatives à la main, les étudiants scandent des slogans antipouvoir. Rachid Harraoubia, le ministre de l’Enseignement supérieur est sommé de « dégager ».

Face à la Grande-Poste, un premier barrage de policiers antiémeute se dresse devant eux. Le mur bleu ne tiendra que quelques minutes. On enregistre quelques blessés dans la ligne de front. La police érige une autre barricade place Maurice Audin. Des escarmouches éclatent. Encore des blessés. Mais rien ne peut retenir la vague humaine qui se dirige droit vers les hauteurs d’Alger.

Changement de stratégie : le dispositif sécuritaire est désormais concentré dans le quartier d’El Mouradia, à moins d’un kilomètre du siège de la présidence. Les étudiants sont stoppés net au niveau du lycée Descartes. Face à eux, plusieurs rangés de policiers armés de gourdins. Des véhicules, disposés en travers de la voie, renforcent la ligne défensive. Impossible d’aller plus loin. Soudain, aux environs de 12 h 30, les policiers chargent violemment les étudiants.

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Affrontements physiques

Ces derniers, en surnombre tentent de résister. La situation tourne à l’affrontement physique. Plusieurs marcheurs sont blessés. Des étudiantes sont prises à partie. La réaction violente des forces de l’ordre oblige les manifestants à battre en retraite. Les heurts se poursuivent durant toute l’après-midi. Un bilan provisoire fait état de dizaine de blessés parmi les étudiants. Quelques blessés sont également annoncés dans les rangs de la police.

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Néanmoins, pour les organisateurs, la marche de mardi a été une véritable réussite. « Les pouvoirs publics ont aujourd’hui une idée de ce dont nous sommes capables. Nous sommes plus déterminés que jamais. Le ministre de l’Enseignement supérieur n’a plus le choix, il doit prendre en considération nos revendications », précise un membre de la Coordination nationale autonome des étudiants.

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