Côte d’Ivoire : nouvelles frappes de l’ONU autour de la résidence de Laurent Gbagbo
N’arrivant pas à maintenir le blocus autour de la résidence présidentielle à Abidjan où se terre Laurent Gbagbo, le camp Ouattara demande le secours de l’Onuci. Celle-ci, en compagnie de la force française Licorne, continue à bombarder l’armement lourd des militaires et mercenaires du président sortant.
Si la situation leur est favorable, elle n’est guère brillante pour les Forces républicaines (FRCI) d’Alassane Ouattara qui n’ont pas su maintenir, malgré leur supériorité numérique, le blocus autour de la résidence présidentielle où est réfugié Laurent Gbagbo. Les combattants de ce dernier contrôlent encore largement le Plateau et Cocody, où ils peuvent mener des attaques contre l’ambassade de France et contre le siège de la mission de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci) – ce que le porte-parole de Gbagbo, Ahoua Don Mello, dément avec aplomb.
Le manque d’unité des FRCI qui ne se retrouvent pas toutes derrière Guillaume Soro, explique les succès de la résistance du président sortant, qui est allé jusqu’à faire bombarder le Golf Hôtel. D’où la demande du camp Ouattara à l’ONU de l’aider à mettre hors d’état de nuire les hommes de Gbagbo et de livrer celui-ci à la justice internationale. Du coup, l’Onuci et la force française Licorne ont poursuivi leurs frappes dimanche et dans la nuit près de la résidence et du palais présidentiels. Réaction immédiate de Don Mello, alors qu’une manifestation de soutien à Gbagbo réunissait 1 300 personnes à Paris : « la France n’a pas d’autre objectif » que « d’assassiner » le président sortant, « tout le reste n’est que prétexte ».
Neutraliser les armes lourdes
Peu après minuit, une nouvelle série de frappes aux missiles a été déclenchée. Cible principale : la résidence du président. Explication d’Alassane Outtara : dans un communiqué publié dans la nuit, il annonce avoir demandé « le jour même au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon la "neutralisation" des armes lourdes de son adversaire, conformément à la résolution 1975 » de l’ONU.
En fin de journée, deux missiles avaient déjà été tirés dans le secteur de la résidence présidentielle vers 18h45 (heure locale et GMT), a rapporté un habitant. Ce à quoi ont répondu des tirs nourris de mitrailleuses lourdes, selon la même source. Peu avant, les hélicoptères de l’Onuci et de la force Licorne avaient également tiré « plusieurs missiles sur des véhicules blindés situés à l’extérieur de la résidence de Laurent Gbgabo » dans le quartier de Cocody (nord), a indiqué une source proche de l’opération. Un habitant de Cocody a confirmé avoir vu « un hélicoptère français tirer quatre missiles dans le secteur de la résidence », peu avant 17h00.
Le porte-parole de l’Onuci, Hamadoun Touré, n’a pas donné beaucoup plus de détail. « On a repris l’opération consistant à neutraliser les armes lourdes partout où elles se trouvent. L’Onuci et Licorne ont entrepris de viser des cibles en plusieurs endroits, notamment aux abords du palais présidentiel et dans les environs de la résidence présidentielle », a-t-il déclaré, précisant que des « camps où les exercices de reconnaissance ont permis d’identifier des armes lourdes » avaient aussi été touchés.
Carte d’Abidjan situant les combats (situation dimanche 10/04 à 18h00 GMT).
© AFP
Ban Ki-moon réagit
« Au cours des trois, quatre derniers jours, on a constaté une utilisation de ces armes lourdes contre les populations civiles et les Casques bleus. Les tirs contre le siège de l’Onuci ont continué, d’où la nécessité de réagir pour protéger les populations civiles conformément à notre mandat », a-t-il ajouté.
À New York, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a également insisté sur la responsabilité du camp Gbagbo. « La poursuite de l’utilisation d’armes lourdes contre les populations civiles et les Casques bleus, ainsi que les attaques contre le quartier général du gouvernement légitime, m’ont poussé, une fois de plus, à ordonner à l’Onuci d’utiliser tous les moyens nécessaires pour empêcher l’utilisation des ces armes », a-t-il simplement dit.
Le porte-parole du gouvernement Gbagbo, Ahoua Don Mello, a démenti toutes les attaques émanant des combattants anti-Ouattara. Objectif : dénoncer les frappes aériennes, en leur déniant toute légitimité internationale. Et mettre, toujours et encore, le projecteur sur la France qui, selon lui, « cherchait des prétextes pour réattaquer ».
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