Préservatifs : le Togo face à une rupture de stock ?

Le secteur de la santé au Togo s’interroge sur l’éventualité d’une pénurie de préservatifs. Une situation qui inquiète le RAS Plus, un réseau qui soutient la communauté des personnes vivant avec le VIH.

Avec la pénurie, certains Togolais affirment avoir « réduit les coups ». © AFP

Avec la pénurie, certains Togolais affirment avoir « réduit les coups ». © AFP

Publié le 7 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

« C’est une surprise pour nous de constater ce manque de préservatifs dans notre pays. Cela porte un coup dur à l’ensemble de la riposte que nous menons contre l’infection par le VIH, et à toute action à l’endroit d’autres populations vulnérables. C’est inadmissible », a indiqué à jeuneafrique.com Augustin Dokla, le président RAS Plus, un réseau de soutien aux personnes vivant avec le virus du sida au Togo. « Si nous devons dépenser 1 500 F CFA [environ 2,30 euros] pour payer quatre unités de préservatifs, combien de fois pouvons-nous le payer tout au long du mois, de l’année ? Les travailleurs du sexe, où est-ce qu’elles vont s’approvisionner dorénavant ? », s’interroge-t-il.

Importation de préservatifs du Bénin

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Au bureau togolais de l’ONG américaine « Population Service International » (PSI/Togo), chargée de la distribution et du marketing social des préservatifs dans le pays, on rejette cependant toute idée de pénurie durable des fameux plastiques.  

« Les dispositifs de contrôle mis en place, pour ces produits distribués par nos services afin qu’ils ne se retrouvent pas sur le marché noir, ont traîné », explique Kontévi Kouassi, le représentant de l’ONG. De plus, « le retard dans la réponse attendue auprès des nos partenaires nous a plongé dans une situation embarrassante », reconnaît Kouassi. Mais pour pallier ce dysfonctionnement, PSI/Togo, a dû négocier deux millions de préservatifs chez son voisin du Bénin pour approvisionner le pays. Et depuis deux semaines, l’ONG assure que les préservatifs sont distribués dans tout le Togo. Une action cependant restée presque invisible pour de nombreux  utilisateurs.

"À prendre ou à laisser"

Preuve que l’offre est inférieure à la demande, des préservatifs estampillés « free » (destinés à la distribution subventionnée) ont fait leur apparition sur le marché. Le paquet de trois est passé de 100 à 250 F CFA.  Du coup, pénurie ou pas, certains jeunes se veulent plus conscients face à la menace de rupture de stock. « Depuis que le plastique se fait rare sur le marché, j’ai réduit les coups. Je ne tire plus comme avant », confie crûment David, un animateur de radio, que l’affaire semble amuser.

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« J’ai planifié une opération il y a deux jours. À la dernière minute, je me suis rendu compte que je n’avais plus de préservatifs », raconte Mike. « Et quand j’ai couru pour en acheter, le vendeur m’a filé un paquet de ces condoms griffés "free"… J’ai voulu jouer au malin, mais il m’a juste dit : "C’est à prendre ou à laisser", poursuit le lycéen. N’ayant pas le choix, je l’ai pris. » 

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