Mood Indigo, un « remix » sans leitmotiv

Avec « Mood Indigo », l’écrivain franco-sénégalais Mamadou Mahmoud N’Dongo livre un recueil de nouvelles au style novateur mais au goût d’inachevé.

Avec « Mood Indigo », Mamadou Mahmoud Ndongo signe son sixième roman. © Gallimard

Avec « Mood Indigo », Mamadou Mahmoud Ndongo signe son sixième roman. © Gallimard

ProfilAuteur_FabienMollon

Publié le 4 avril 2011 Lecture : 1 minute.

Ces « improvisations amoureuses » – c’est le sous-titre – s’ouvrent sur un instant de grâce : « Elle portait une robe d’été ; nous étions en hiver, mais il lui suffisait de marcher pour qu’on pense au printemps. » Dès la première page de Mood Indigo*, recueil de nouvelles qui doit son titre à un standard du pianiste américain Duke Ellington, Mamadou Mahmoud N’Dongo atteint le « it ». Cet instant d’apogée dans un morceau de jazz, ce moment de pur plaisir où tout est beau, transcendé… Hélas, l’euphorie ne dure pas : les récits qui suivent ne tiennent pas cette promesse de légèreté.

L’écrivain franco-sénégalais, né en 1970 à Pikine (près de Dakar, Sénégal), connaît pourtant sa partition – il manie notamment avec doigté l’art de la formule qui fait mouche – et multiplie les variations dans un style novateur – textes fragmentés, parfois numérotés, empruntant tour à tour au théâtre et au cinéma. Une recette déjà ébauchée, avec davantage de succès, dans son roman La Géométrie des variables (2010). Mais ici manque le « thème ». Cette succession de scènes de la vie quotidienne, de rencontres improbables et d’histoires extraordinaires ne trouve pas de clé autour de laquelle s’enrouler et, par conséquent, manque de portée. Aucune idée forte ne s’en dégage. De fait, à la lecture de Mood Indigo, on a l’impression de parcourir les notes d’un travail inachevé.

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Il y a bien quelques leitmotivs qui traversent l’œuvre : des capitales européennes (Paris, Bruxelles, Londres…), des flirts en milieu culturel (avis aux cinéphiles), des identités transposées (un ventriloque et sa marionnette, un homme réincarné en lézard…). Assez pour créer un bruit de fond, trop peu pour en détacher une mélodie principale. Et quand N’Dongo parvient, au cours d’un récit, à accrocher l’attention du lecteur par un détail surnaturel ou une intrigue à suspense, les attentes sont souvent déçues par la chute, et l’on reste sur sa faim.

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*Mood Indigo, de Mamadou Mahmoud N’Dongo, Gallimard, 240 pages, 18 euros.
 

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