Nigeria : l’inquiétude domine après le nouveau report des élections générales

S’il a bien été accepté par la classe politique nigériane, le nouveau report des élections générales ne consolide pas l’image démocratique du Nigeria. Pis, il pourrait rapidement raviver des tensions politiques.

Inscription sur les listes électorales à Magboro, au Nigeria, le 2 avril 2011. © AFP

Inscription sur les listes électorales à Magboro, au Nigeria, le 2 avril 2011. © AFP

Publié le 4 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

Initialement prévues en janvier, les élections législatives nigérianes avaient été une première fois différées au 2 avril. Mais dans l’urgence, le jour du scrutin, elles ont été une nouvelle fois reportées. Le matériel électoral et le personnel n’étaient pas arrivés dans un grand nombre de bureaux de vote… Et dimanche, la Commission nationale électorale indépendante (Inec) en a fixé la date au 9 avril.

L’effet domino est tel que les élections législatives, premières d’une longue liste, repoussent la présidentielle d’une semaine, du 9 au 16 avril et le scrutin local du 16 au 26 avril. Les partis de l’opposition ont accepté ce report tout en espérant que l’État aurait la capacité de faire face à l’avalanche de scrutins qui arrivent.

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« Nous allons maintenant être en situation d’avoir ce dont nous avons besoin », a dit Yinka Odumakin, porte-parole du Congrès pour un changement démocratique (CPC), le parti de Muhammadu Buhari, principal rival du président sortant Goodluck Jonathan. « Nous pouvons seulement espérer que la Commission électorale surmonte ses problèmes et prévienne tout acte de sabotage », a-t-il ajouté.

Rumeurs de coup monté

Manque de personnel, absence de bulletins, difficultés d’acheminement des urnes dans de nombreux bureaux de vote… Les problèmes sont nombreux. Des rumeurs de coup monté ont également circulé dans le pays, alors que, selon plusieurs observateurs, les élections législatives pourraient voir l’emprise du Parti démocratique du peuple (PDP, au pouvoir) sur le Parlement se desserrer.

Le PDP a vivement réagi aux accusations dont il fait l’objet. Le parti « est informé des allégations infondées de tentatives de trucage portées contre lui par des opposants », indique un communiqué. « Nous voyons ces tentatives de diversion comme les diatribes de ceux qui savent leurs défaillances et envisagent la défaite aux élections. »

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De fait, le nouveau délai ravive les tensions alors que la situation politique est instable puis le décès du président Umaru Yar’Adua en mai 2010. Ayant subi une longue dictature militaire jusqu’en 1999, l’État le plus peuplé d’Afrique tente de renforcer son image démocratique après des élections de 2007 entachées de violences et d’irrégularités.

Report "regrettable"

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L’ancien président du Botswana Festus Mogae, à la tête de la mission d’observateurs du Commonwealth, a jugé le report « regrettable ». « Nous reconnaissons totalement que la modification du calendrier électoral est une prérogative des autorités électorales du Nigeria », a-t-il dit dans un communiqué. « Nous croyons cependant que de tels changements répétés et de dernière minute sont regrettables et ne donnent pas une image positive de l’état de préparation » de la Commission électorale.

L’actuel président Goodluck Jonathan a promis des élections libres et justes. Mais sa candidature ne fait pas l’unanimité au sein du Parti démocratique du peuple (PDP). Elle remet en cause la règle non écrite de rotation du pouvoir tous les deux mandats entre le nord et le sud du pays, dont il est originaire. Le poste devrait maintenant revenir au nord selon les partisans de cette règle. (avec AFP)
 

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