Libye : Miguel d’Escoto Brockmann, l’ambassadeur nicaraguayen de Kadhafi à l’ONU

En nommant le diplomate et prêtre sandiniste nicaraguayen Miguel d’Escoto Brockmann ambassadeur de Libye auprès de l’ONU, le colonel Kadhafi a encore suscité des commentaires aux Nations unies. Pendant ce temps, l’ancien représentant  du « Guide » aux Nations unies, Abdurrahman Mohammed Shalgham, continue à assister aux réunions du Conseil de sécurité.

Miguel d’Escoto Brockmann est déjà connu à l’ONU pour ses positions atypiques. © D.R.

Miguel d’Escoto Brockmann est déjà connu à l’ONU pour ses positions atypiques. © D.R.

Publié le 1 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

Les rangs des diplomates libyens restés loyaux à Tripoli s’éclaircissent de plus en plus. À tel point que le colonel Kadhafi a fait appel à un prêtre catholique du Nicaragua pour représenter la Libye auprès des Nations unies. Le père Miguel d’Escoto Brockmann, 78 ans, connaît bien l’ONU pour avoir présidé l’Assemblée générale de 2008 à 2009.

Pendant son passage au perchoir, ce révolutionnaire sandiniste, théâtral et charismatique, s’est largement affranchi de son devoir de réserve. Ses effusions avec Mahmoud Ahmadinejad, ses emportements contre le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) visant le président soudanais, Omar el-Béchir et ses déclarations enflammées contre les puissances occidentales ont laissé de lui un souvenir contrasté.

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Ancien ministre des Affaires étrangères du président Daniel Ortega, il voue une rancœur particulière aux États-Unis, qu’il accuse d’avoir tenté de l’assassiner en 1983… avec une bouteille de Bénédictine empoisonnée. « Cet épisode libyen n’est qu’un nouveau chapitre de son  parcours basé sur la confrontation avec les États-Unis. Que le colonel Kadhafi trouve ce personnage haut en couleur pour le représenter est parfaitement logique », estime Colum Lynch,  correspondant du Washington Post aux Nations unies.

Un diplomate avec un visa de touriste   

Dans les couloirs de l’ONU, cette nomination qualifiée « d’étrange » par la représentante américaine Susan Rice, suscite un embarras certain. Sur requête de Mouammar Kadhafi, le président du Nicaragua, Daniel Ortega, a prié Miguel d’Escoto d’accepter ce poste d’ambassadeur « pour aider la Libye à défendre son droit à résoudre ses problèmes intérieurs sans ingérence étrangère ». Selon le Nicaragua, Tripoli a choisi cette solution car Ali Triki, l’ambassadeur nommé au début du mois de mars par le colonel Kadhafi, n’a jamais obtenu de visa américain pour se rendre à New York.

Le père d’Escoto pourrait bien connaître les mêmes déconvenues. « Il est arrivé aux États-Unis avec un visa de touriste. Or, un visa de touriste ne permet pas de représenter un pays, le Nicaragua, la Libye ou un autre, aux Nations unies », a prévenu Susan Rice. La conférence de presse de Miguel d’Escoto au siège l’ONU, annoncée par la mission du Nicaragua, a été annulée à deux reprises, sans explications satisfaisantes de la part de l’ONU.

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L’ambassadeur libyen actuellement en poste, Abdurrahman Mohammed Shalgham, a été désavoué par Mouammar Kadhafi après qu’il s’est rallié aux insurgés de Benghazi, comme l’ensemble de ses collaborateurs. Leurs accréditations ont été révoquées sur demande de Tripoli, mais Shalgham et ses adjoints continuent pourtant de bénéficier d’un passe pour entrer au siège de l’ONU, assistent aux réunions du Conseil de sécurité et parlent à la presse au nom du « peuple libyen ».

L’ambassadeur Shalgham a indiqué avoir reçu un coup de téléphone du diplomate nicaraguayen le prévenant de son arrivée. « Il veut seulement faire de la propagande pour Kadhafi, a-t-il réagi. Kadhafi utilise déjà des mercenaires sur le champ de bataille, maintenant il utilise aussi des mercenaires diplomates. »

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