Libye : fin de règne pour Kadhafi ?

Une nouvelle défection parmi les proches de Kadhafi, celle de son désormais ex-ministre des Affaires étrangères Moussa Koussa, laisse à penser que le régime s’effondre peu à peu.

Moussa Koussa a longtemps compté parmi les fidèles de Mouammar Kaddafi. © Reuters

Moussa Koussa a longtemps compté parmi les fidèles de Mouammar Kaddafi. © Reuters

Publié le 31 mars 2011 Lecture : 2 minutes.

Mis à jour à 18h46

Homme clé de l’entourage de Mouammar Kadhafi, Moussa Koussa a préféré mettre un terme à une collaboration longue de plus de trente ans. Opposé aux violences perpétrées par les forces loyales au « Guide » contre les civils, le ministre des Affaires étrangères libyen s’est exilé à Londres, mercredi 30 mars après avoir posé sa démission.

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Cette défection représente beaucoup pour les observateurs de la crise libyenne. Elle est, pour un haut représentant américain s’exprimant sous le sceau de l’anonymat, « très importante » et prouve la perte de confiance de plusieurs caciques de la Jamahiriya en leur chef suprême. L’ancien ministre libyen de l’Immigration Ali Errishi, qui a lui-même démissionné au mois de février dernier, va plus loin. Il estime que le départ de Moussa Koussa est « le signe que les jours du régime sont comptés. C’est la fin ». « Kadhafi n’a plus personne […] Désormais, il ne reste que lui et ses enfants », a-t-il encore déclaré.

Homme de confiance

Moussa Koussa était « l’un des conseillers en qui Kadhafi avait le plus confiance. C’est la fin du régime. Le règne brutal est sur le point de s’achever. Personne ne connaît le régime mieux que M. Koussa », a précisé Ali Errishi. L’ex-ministre des Affaires étrangères, homme de l’ombre de Mouammar Kadhafi, a d’abord fait partie du Renseignement libyen avant de prendre les rênes de la diplomatie de la Libye en 2009. Il a été associé aux négociations secrètes qui ont permis le retour du paria Kadhafi sur la scène internationale et au démantèlement, en 2003, du programme libyen d’armes de destruction massive.

Interrogé sur les informations que Moussa Koussa est susceptible de transmettre à la Grande-Bretagne, Ali Errishi a estimé que « s’il y a quelque chose à savoir, il devrait le savoir ». Il sait « ce qui se passe en Libye, d’où ils tiennent leurs armes. Il pourrait apporter beaucoup d’aide », a-t-il ajouté. Londres a d’ores et déjà annoncé qu’il ne bénéficiera pas pour autant de l’immunité, ni par la justice britannique ni par la justice internationale.

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"En otage à Tripoli"

« J’ai toujours dit qu’ils [les dirigeants libyens, NDLR] sont tous retenus en otage à Tripoli. C’est incroyable de voir comment M. Koussa a réussi à s’échapper », a-t-il poursuivi dans un entretien à France 24. Et si Koussa est à Londres, Abouzid Dourda, le patron des services secrets libyens est également en fuite. Il est arrivé à Djerba, où le consul russe est également présent. Dourda ira-t-il à Moscou ? Quant à Ali Abdeslam Triki, il serait aussi en Tunisie depuis quinze jours, selon nos informations.

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Avant Koussa, plusieurs autres fidèles à Kadhafi ont quitté le sérail, lassés par la tournure que prenaient les événements. L’ancien ministre de la Justice Moustapha Abdeljalil a plié bagage dès les premières manifestations populaires, dont il avait dénoncé « la répression sanguinaire ». Il dirige depuis le Conseil national de transition (CNT), l’organe politique représentant l’opposition libyenne.

Fin février, les ambassadeurs Salah Zaren et Abdul Salam el Galali, respectivement représentants de la Libye auprès de la France et de l’Unesco, ont eux aussi annoncé leur démission et leur intention de rejoindre la révolution. (avec AFP)

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