Côte d’Ivoire : Gbagbo lâché par les siens et encerclé par les pro-Ouattara

Les forces d’Alassane Ouattara contrôlent plus des trois-quarts du territoire de la Côte d’Ivoire. La capitale politique Yamoussoukro, le port stratégique de San Pedro et même la ville natale de Gbagbo, Gagnoa, ont été prises par les Forces républicaines du président élu, souvent sans difficultés. La bataille d’Abidjan aura-t-elle lieu, ou Gbagbo aura-t-il la sagesse d’abdiquer ?

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 31 mars 2011 Lecture : 2 minutes.

Qui veut encore défendre Laurent Gbagbo ? L’avancée de l’armée pro-Ouattara est saisissante, comme si les Forces de défenses et de sécurité (FDS) fidèles au président sortant Laurent Gbagbo n’avaient plus envie de se battre. Les Forces républicaines de Côte d’ivoire (FRCI, pro-Ouattara) se sont rendues maîtres de Yamoussoukro mercredi soir sans coup férir, alors que la Garde républicaine, un corps d’élite pro-Gbagbo, aurait pu poser beaucoup de problème aux assaillants.

Et les revers pour le président sortant s’accumulent. Sa ville natale de Gagnoa (centre-ouest), où « les forces pro-Gbagbo avaient quitté la ville », selon des témoins, et le port stratégique de San Pedro, à l’ouest, ont été facilement conquis. Annoncé mercredi soir, un discours de Gbagbo a été reporté et est attendu ce jeudi. Certains observateurs s’attendent à une abdication en pure forme d’ici au week-end, le temps des dernières négociations qui auraient pour but d’éviter un carnage à Abidjan en échange d’une certaine immunité – voire de l’exil – pour Gbagbo.

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La carte des combats

Départ immédiat de Gbagbo exigé à l’ONU

Par une résolution votée à l’unanimité, le Conseil de sécurité de l’ONU a également exigé le départ immédiat de Gbagbo et renforcé ses sanctions envers lui, son épouse Simone et trois autres proches, tout en apportant son « entier soutien » aux forces de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci) pour utiliser « toutes les mesures nécessaires » afin d’assurer la protection des civils et d’empêcher l’utilisation d’armes lourdes contre eux.

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« M. Gbagbo a encore quelques heures pour partir, sinon ce sera la marche sur Abidjan. Et ce sera beaucoup plus compliqué pour lui », a averti Guillaume Soro, Premier ministre de Ouattara. Dans la capitale économique, déjà frappé par les violences des derniers mois, la tension est à son comble. De nombreux habitants sont rentrés précipitamment chez eux dans l’après-midi. Des tirs, notamment à l’arme lourde, ont été entendus dans plusieurs quartiers nord durant la journée, en particulier aux Deux-Plateaux, un sous-quartier de Cocody où la nomenklatura du régime Gbagbo possède de nombreux logements.

Règlements de compte

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Deux gendarmes français en fonction à l’ambassade de France ont été également blessés quand leur voiture a été la cible d’un tir en rafale par des militants de Gbagbo, a affirmé Paris, qui a dénoncé un acte « inadmissible ». Mais quelle que soit la décision de Gbagbo – partir ou pas –  la situation sécuritaire va rester explosive durant de nombreuses semaines, voire plusieurs mois.

Avec l’avancée des troupes de Ouattara, et malgré la volonté de ce dernier, des exactions commencent à être commises un peu partout. Les règlements de compte et les représailles contre les partisans de Gbagbo pourraient prendre une dimension encore plus importante à Abidjan, ville de cinq millions d’habitants des centaines d’opposants au président sortant ont disparu ou ont été assassinés depuis 2002. Le pape Benoît XVI a annoncé l’envoi un émissaire en Côte d’Ivoire pour encourager « la réconciliation et la paix » et a appelé à « un processus de dialogue constructif ». Pour aider la Côte d’Ivoire à éviter le pire…

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