Les insurgés libyens n’avancent plus mais reçoivent le soutien des Occidentaux
Après leur progression fulgurante de ces derniers jours, les insurgés libyens ont été stoppés par l’armée de Mouammar Kadhafi à la sortie de Ben Jawad, près de Ras Lanouf. La coalition internationale continue de les appuyer, une aide militaire directe étant même évoquée du bout des lèvres par certains responsables américains.
La ville de Ben Jawad sera-t-elle infranchissable pour les insurgés libyens ? Après avoir repris cette petite ville située sur la côte méditerranéenne, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Ras Lanouf, ceux-ci se sont heurtés mardi à l’armée du colonel Kadhafi et ont dû se replier. Courant mars, avant l’intervention aérienne de la coalition internationale, Ben Jawad avait déjà été le point maximal de leur avancée en direction des centres de pouvoir du colonel Kadhafi.
Selon un correspondant de la BBC en Libye, des centaines de voitures ont fui la ville en direction de l’est pour se réfugier à Ras Lanouf mardi.
"Nous ne voulons que la France et l’Angleterre"
De fait, sans l’appui aérien de la coalition internationale, les insurgés semblent incapables de prendre le dessus face aux armes lourdes de l’armée libyenne. Les avions de la coalition n’ayant effectué aucune frappe contre les pro-Kadhafi à l’ouest de Ben Jawad, ces derniers ont pu bombarder les positions rebelles à l’entrée de la ville en début d’après-midi.
Du coup, certains insurgés critiquent l’Otan, qui doit prendre le commandement des opérations en Libye à partir de jeudi à 6 heures GMT. « L’Otan, ce n’est pas bon. Ils ne veulent pas nous aider, a déclaré un volontaire de la rébellion. Nous ne voulons que la France et l’Angleterre. Eux, ce sont les vrais amis de la Libye. Ils attaquent les hommes de Kadhafi avec leurs avions. »
L’aide militaire directe n’est "pas exclue" par les États-Unis
La coalition internationale ne lâche pas les insurgés pour autant. Bien au contraire. Lundi soir, des frappes aériennes ont touché Mezda (centre), Gharyan et Sorman (ouest), ainsi que Tajoura, près de la capitale. Des avions et un navire de guerre américains ont aussi attaqué trois navires libyens dans le port de Misrata.
À Tripoli, deux fortes explosions ont été entendues dans le secteur de la résidence de Mouammar Kadhafi en fin d’après-midi. D’autres bombardements ont touché le Tajoura quasi-simultanément.
Sur le plan diplomatique, la France, premier pays a avoir reconnu le Conseil national de transition (CNT, « gouvernement de la rébellion ») a annoncé qu’un ambassadeur, Antoine Sivan, allait prendre ses fonctions à Benghazi prochainement. Le Qatar est le seul autre pays à avoir reconnu le CNT, mais les États-Unis ont eux aussi annoncé l’envoi « rapide » d’un « émissaire » à Benghazi, Chris Stevens.
Mardi, leur ambassadrice à l’ONU, Susan Rice, est allé jusqu’à déclarer que les États-Unis « n’excluaient pas » de fournir une assistance militaire aux insurgés libyens afin de les aider à renverser le colonel Kadhafi. Le chef militaire de l’Otan, l’amiral américain James Stavridis, a néanmoins indiqué un peu plus tard qu’il n’était « pas question à ce stade d’armer les rebelles » . « Je n’ai pas fait ou reçu de recommandation. Bien sûr, nous n’en sommes qu’aux premiers jours » de l’intervention, a-t-il ajouté.
Soupçonnés d’avoir déjà envoyé des agents de renseignement sur le terrain, les autorités américaines continuent de nier tout contact militaire avec les rebelles libyens.
L’UA boude le sommet de Londres
Le « Guide » libyen a pour sa part exhorté la coalition à cesser l’« offensive barbare et injuste contre la Libye ». Il s’adressait au « groupe de contact », créé mardi lors d’une importante réunion internationale à Londres. Quarante pays et organisations étaient représentées à ce sommet. Les ministères des Affaires étrangères du Koweït, de la Jordanie, du Liban, du Maroc, du Qatar, de la Tunisie, de la Turquie et des Émirats arabes unis étaient notamment présents. L’Union africaine (UA), pourtant invitée, n’a toutefois envoyé aucun représentant.
La prochaine réunion du « groupe de contact », chargé de prendre les décisions « politiques » concernant l’intervention internationale en Libye, doit avoir lieu au Qatar « aussi tôt que possible », selon le communiqué final.
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