C’est au tour de l’armée du « Guide » libyen Mouammar Kadhafi d’être sur la défensive. À Ras Lanouf, ville stratégique qu’ils avaient eu tant de peine à reprendre aux insurgés mi-mars, ils n’ont cette fois tenu que quelques heures, avant de quitter la ville dans la nuit de samedi à dimanche.

Munitions par caisses entières, missiles alignés sur le sable, équipement… L’armée de Kadhafi a tout abandonné sur place.

L’Otan, qui prend le contrôle des opérations ce lundi, nie que son rôle sera de soutenir les insurgés, mais les frappes de la coalition aident considérablement leur avancée. Deux semi-remorques qui gisent au bord de la route, réduits en miettes, calcinés, ont visiblement été pris pour cible par des missiles air-sol.

Victoire symbolique

« Juste après le passage de l’avion ou de l’hélicoptère, dans la soirée, nous avons attaqué, a raconté Rabih Ali, un insurgé de 28 ans. Mais ils étaient déjà en train de fuir. C’était facile. On continue, on ne s’arrête pas avant Syrte ! »

L’objectif suivant est maintenant clair et situé à environ 200 km à l’ouest. Reprendre cette la ville de Syrte leur permettrait de s’ouvrir la route jusqu’à Misrata pour voler au secours des insurgés, qui tiennent la ville mais sont pilonnées par les forces pro-Kadhafi depuis des jours.

Mais prendre Syrte serait aussi une victoire hautement symbolique : il s’agit de la ville natale du « Guide » Libyen.

Le calme avant la tempête

À nouveau, la coalition leur a ouvert la voie. D’intenses frappes aériennes ont touché l’armée en déroute sur la route menant à Syrte. La ville a elle-même été touchée par un raid aérien de la coalition. Le gouvernement libyen a affirmé que trois civils étaient morts dans des bombardements dans un port de pêche situé tout près. Aucune défense antiaérienne n’a toutefois été capable de rentrer en action.

Mais l’offensive semblait plus compliquée que prévu pour les insurgés lundi matin. Sortis de Ben Jawad, la dernière ville qu’ils ont repris dimanche, il ont été confrontés au feu des mitrailleuses lourdes des forces gouvernementales venues en pick-up. Les rebelles ont alors reflué vers Ben Jawad, avant de répliquer à l’artillerie lourde. Depuis, ils ont de nouveau un avancé sur la route de Syrte mais restent très lents et prudents en raison des tirs d’artillerie et de missiles des forces de Kadhafi. Plutôt qu’une fuite désordonnée, l’armée libyenne aurait-elle opéré un repli tactique afin de mieux défendre Syrte ?

Après les parades d’hommes armés, en tenue militaire et parfois en civil, qui circulaient dimanche soir dans la ville à bord de dizaines de pick-up, arborant des photos du colonel Kadhafi, la ville était très calme lundi matin. Si les insurgés parvenaient à la prendre, ils seraient plus près que jamais de la capitale libyenne Tripoli, située à moins de 500 km. (avec AFP)