Alpha Condé demande le soutien de la France pour réformer la Guinée

Le président Alpha Condé, pour sa première visite officielle en France, a sollicité le soutien de Paris pour accompagner le processus des réformes en Guinée.

Le président Alpha Condé reçu par Nicolas Sarkozy à Paris, le 23 mars. © AFP

Le président Alpha Condé reçu par Nicolas Sarkozy à Paris, le 23 mars. © AFP

Publié le 25 mars 2011 Lecture : 3 minutes.

Porté à la tête de l’État guinéen en novembre dernier, Alpha Condé a effectué ces jours sa première visite en France en tant que président. L’ancien opposant historique a réaffirmé sa volonté de réformer son pays.

« Je vais réformer », a-t-il promis. En Afrique, « 70 % de la population a moins de 30 ans et aspire à un changement profond », a-t-il dit en faisant notamment référence aux révolutions arabes. « L’Afrique est en train d’évoluer, le printemps arabe, c’est aussi le printemps de l’Afrique. » Le président a par ailleurs annoncé l’organisation d’élections législatives avant la fin de l’année, avançant la date d’octobre.

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Alpha Condé a aussi demandé à l’ancienne puissance coloniale française un « appui massif » et assure avoir été « entendu » par le président Nicolas Sarkozy qui l’a reçu mercredi 23 mars. Ils se sont mis d’accord sur les différents chantiers à engager dans les domaines de la justice, de l’administration publique et dans celui, sensible, de l’armée.

Pas de confrontation avec les militaires

Alpha Condé a prévenu qu’il avait l’intention de « ménager » l’armée guinéenne. Il a déclaré au cours d’un entretien avec des journalistes que cette dernière « a déjà accepté beaucoup de choses. Je ne veux pas aller à la confrontation avec les militaires ».

Il tente de se prémunir contre tout débordement avec l’armée, la Guinée ayant traversé une période houleuse depuis la mort de l’ancien homme fort du pays Lansana Conté en décembre 2008, marquée par l’arrivée au pouvoir d’une junte et une transition délicate menée par le général Sékouba Konaté après la mise à l’écart du chef des putschistes Moussa Dadis Camara, grièvement blessé fin 2009.

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Selon le président guinéen, « le général Konaté [l’ancien président de la transition] voulait aller aux élections, d’autres ne voulaient pas. […] On a changé l’état-major de l’armée, on a délocalisé les armements lourds ». Condé a ajouté : « Mais la situation reste fragile, parce que les conditions de vie sont difficiles. Je dois aller doucement. »

Interrogé sur ses intentions si la Cour pénale internationale – qui pourrait enquêter sur le massacre de plus de 150 opposants dans un stade de Conakry le 28 septembre 2009 – réclamait son assistance pour procéder à l’arrestation de responsables militaires ou civils guinéens, le président est resté évasif.

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« Pour le moment, on n’en n’est pas encore là », a-t-il dit. « Il faut qu’on ait le courage de regarder notre histoire en face : que les gens qui ont commis des crimes le reconnaissent et que ceux qui en ont été victimes aient le courage de pardonner », a-t-il plaidé, sans toutefois encore annoncer la mise en place d’une Commission réconciliation et vérité.

La France, deuxième partenaire commercial

Alpha Condé, accompagné d’une trentaine de chefs d’entreprises guinéens, a enchaîné sur une réunion avec le patronat français, qui s’est réjoui de la perspective de nouveaux marchés en Guinée. La France, hors secteur minier, en est le deuxième partenaire commercial après la Chine.

Une première « convention de financement de 5 millions d’euros en subvention destinée au renforcement de la filière rizicole » a par ailleurs été signée avec l’Agence française de développement (AFD).

Dans le secteur crucial des mines (25 % du PIB), Alpha Condé a confirmé une remise à plat générale : « Tous les contrats qui lèsent la Guinée – qui détient les deux tiers des réserves mondiales de bauxite, mais aussi du fer, de l’or, de l’uranium et du diamant – seront annulés. » Il affirme avoir « reçu des offres de Chinois qui proposent jusqu’à un milliard de dollars de prêts contre des contrats, mais j’ai dit non. Je ne veux rien négocier avant d’avoir fait un nouveau code minier ». (avec AFP)

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