Les trois principaux opposants appellent au boycott de la présidentielle tchadienne
Appel au boycott, suspension de leur participation à l’élection présidentielle, les opposants au président tchadien Idriss Deby Itno ne manquent pas d’initiatives pour faire invalider le scrutin du 24 avril prochain.
Saleh Kebzabo, Wadal Abdelkader Kamougué et Ngarlejy Yorongar ont annoncé mardi qu’ils se retiraient de la course à la présidentielle et demandent aux Tchadiens de ne pas se rendre aux urnes.
Le 3 mars dernier, les trois principaux challengers du président Deby annonçaient que les conditions pour leur participation au scrutin n’étaient pas réunies. Ils dénonçaient des fraudes massives et exigeaient l’amélioration des conditions de vote. Six millions de cartes d’électeurs auraient été distribuées sur un corps électoral de 4,8 millions d’inscrits.
"Mascarade électorale"
En présence de ses deux acolytes lors d’un point de presse à N’Djamena, Kebzabo en a appelé « au patriotisme des Tchadiens et les invitent à boycotter massivement la fraude historique du 24 avril 2011 pour manifester leur rejet d’un système de vingt ans dont le seul but est la gestion patrimoniale calamiteuse qui a relégué le Tchad au dernier rang des pays les plus corrompus, malgré les immenses richesses exploitées ces dernières années ».
Au nom de ses compagnons, Kebzabo a demandé « solennellement à leurs compatriotes de ne pas se rendre aux urnes pour avaliser cette grande mascarade électorale ».
Les trois opposants seraient « uniquement soucieux d’une élection organisée dans un minimum de règles de l’art pour que le processus démocratique se poursuive, dans l’esprit de l’accord du 13 Août 2007 », selon les propos du chef de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR). L’accord politique de 2007, signé entre le pouvoir et l’opposition, devait aboutir à la démocratisation du régime.
Déjà prétendants aux présidentielles de 1996 et 2001, les trois coalisés avaient boycotté celle de 2006 remportée par Idriss Deby Itno, arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’État en 1990.
Deux des autres adversaires du chef de l’État, Nadji Madou et Pahimi Padacket Albert, actuel ministre des PTT, ont quand même accepté de se plier aux règles du scrutin, après deux apartés avec le camp présidentiel.
Majorité présidentielle au Parlement
Les élections législatives du 13 février dernier avaient déjà permis de sonder les tendances politiques. Les résultats tardifs, validés mardi par le Conseil constitutionnel, avaient annoncé la victoire du parti du président Idi, le Mouvement patriotique du salut (MSP), avec la majorité absolue de 113 sièges sur 188.
Lors de l’annonce des résultats par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) le 28 février, l’opposition s’était levée pour dénoncer les fraudes. Elle en a profité pour dresser une longue liste de revendications : nouvelles cartes d’électeurs, impression de bulletins de vote numérisés et sécurisés, sécurisation du matériel de vote et de son acheminement, réaménagement de la Ceni.
L’UNDR, principale formation d’opposition dirigée par Saleh Kebzabo, a remporté neuf sièges. L’Union pour le renouveau et la démocratie (URD) de Wadal Abdelkader Kamougué en a obtenu sept, alors que le parti de M. Yorongar, la Fédération action pour la République (FAR), n’a comptabilisé que quatre députés.
Sur 11,1 millions de Tchadiens, 4,8 millions d’électeurs sont appelés à voter lors de la prochaine présidentielle. Laquelle prévue à l’origine le 3 avril, a été reportée de trois semaines par la Ceni qui n’a donné aucun motif pour cet ajournement réclamé par les cinq candidats de l’opposition. (avec AFP)
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