Sénégal : les accusations de complot contre Wade font pschitt ?

Les quatre personnes suspectées de complot contre le président Abdoulaye Wade ont été libérées lundi soir. Pour le moment, la justice ne semble pas du même avis que le gouvernement qui avait demandé l’ouverture d’une information judiciaire…

Le président Abdoulaye Wade compte se présenter pour un troisième mandat en 2012. © AFP

Le président Abdoulaye Wade compte se présenter pour un troisième mandat en 2012. © AFP

Publié le 22 mars 2011 Lecture : 2 minutes.

Pour des personnes accusées d’atteinte à la sûreté de l’État, l’affaire ne semble pas trop mal engagée. Accusés par le ministre de la Justice Cheikh Tidiane Sy d’avoir organisé un « complot » visant au « renversement du régime » sénégalais, quatre hommes ont été tout bonnement remis en liberté, lundi 21 mars au soir, quelques jours après leur arrestation. « Pour les charges, on attend d’y voir plus clair. Nous n’avons pas encore clôturé l’enquête », a indiqué une source sécuritaire.

Le ministre avait pourtant demandé « au procureur de la République de Dakar d’ouvrir une information contre certains individus » qui souhaitaient « créer des désordres pour renverser le régime ». Selon RFI, des mandats avaient été délivrés afin que les suspects soient déférés au parquet. Mais la procédure n’est pas allée très loin…

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Mise en scène

« Des informations précises et concordantes nous sont parvenues, faisant état de différentes réunions organisées par des jeunes de Benno Siggil Senegal » (la principale coalition de l’opposition, NDLR) ainsi que ceux « de groupements d’artistes, mouvements d’étudiants et leaders politiques », avait affirmé le ministre. Dans son allocution, Cheikh Tidiane Sy mentionnait également les dates et lieux de rencontre des présumés comploteurs, dont le « plan » avait été dévoilé dans le détail. Cheikh Tidiane Sy livrait également les noms des suspects, en exigeant qu’ils se présentent immédiatement au commissariat central. Étrange mise en scène publique pour des personnes accusées de « complot » contre le chef de l’État en personne…

L’opposition, menée par la coalition Benno Siggil Sénégal, avait choisi la date anniversaire de l’alternance du 19 mars 2000 pour manifester contre le régime. Mais c’est dans le calme, et sans dérapages que les manifestations se sont déroulées dans toute la capitale.

Contexte social et politique tendu

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En réalité, la raison de la nervosité du gouvernement est liée à un contexte social et politique tendu. À un an de la présidentielle de 2012, le Sénégal connaît des troubles dus à de récurrentes coupures d’électricité qui exaspèrent les populations et malmènent l’activité économique. Et la candidature du président Abdoulaye Wade, âgé de 85 ans, fait polémique.

Après deux mandats successifs, une troisième candidature est jugée anticonstitutionnelle par l’opposition. Élu pour la première fois en 2000, le chef de l’État a été réélu en 2007 pour cinq ans, après modification de la Constitution. L’opposition estime qu’il achève en 2012 ses deux mandats légaux. Mais pour le Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir), le décompte des deux mandats doit se faire à partir de 2007, date d’entrée en vigueur du quinquennat. (Avec AFP)

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