Critiquée, l’ONU s’indigne de ne pas avoir reçu assez de fonds pour la Côte d’Ivoire

Le Programme alimentaire mondial juge inacceptable que les donateurs n’aient pas répondu à ses demandes de fonds pour la Côte d’Ivoire, alors que le pays fait face à une grave détérioration de sa situation humanitaire. Le volet militaire de la mission de l’ONU est pour sa part critiquée dans les deux camps.

Une patrouille de Casques bleus pakistanais de l’ONU dans les rues d’Abidjan. © AFP

Une patrouille de Casques bleus pakistanais de l’ONU dans les rues d’Abidjan. © AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 22 mars 2011 Lecture : 2 minutes.

« 7 millions de dollars sur les 32 millions demandés. » C’est le triste bilan dressé par le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) après un appel aux pays donateurs pour la Côte d’Ivoire.

Ce manque de fonds est « inacceptable […] face à la situation qui se détériore en Côte d’Ivoire, nous voudrions lancer un nouvel appel aux donateurs », a ajouté Elisabeth Byrs, une porte-parole de l’Ocha. L’appel va être révisé à la hausse dans les prochains jours, a-t-elle indiqué lors d’une conférence de presse, qui réunissait des représentants de différentes agences onusiennes à Genève.

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La distribution des vivres est mise en péril par le manque de fonds a expliqué la porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), Emilia Casella.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) reconnait que la simultanéité d’autres crises, comme celle que connaît la Libye, a pu freiner la générosité des donateurs.

Évacuation du personnel

« Notre personnel à Abidjan nous a dit que la ville se vide de ses habitants », a pour sa part averti Jemini Pandhya une porte-parole de l’OIM.

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Les violences de la crise postélectorale, qui ont fait 440 morts dans le pays selon l’ONU, ont aussi provoqué des déplacements massifs de populations. Près de 500 000 personnes ont fui les violences, dont quelque 94 000 sont réfugiés au Liberia, estime l’ONU.

Face aux combats entre l’armée loyale au président sortant Laurent Gbagbo et l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) dans certaines villes de l’ouest du pays, même l’OIM a dû retirer son personnel. Après avoir sorti son personnel international des villes de Duékoué et de Guiglou le 8 mars, l’OIM a annoncé que ses employés locaux avaient aussi dû être évacués.

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L’Onuci sous le feu des critiques

Face aux violences, le volet militaire de la Mission de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci) est critiqué dans les deux camps rivaux. Celui d’Alassane Dramane Ouattara a exhorté l’Onuci à « passer à l’action » et  à « user de la force légitime » afin de protéger les populations civiles prises dans les violences.

Le camp de Laurent Gbagbo continue pour sa part de désigner l’Onuci comme l’ « ennemi de la Côte d’Ivoire ». C’est l’ONU « qui nous mène la guerre », a encore lancé le « général » de la jeunesse pro-Gbagbo Charles Blé Goudé samedi.

« L’Onuci fait, en fonction de son mandat et de ses ressources actuelles et à venir, tout ce qu’elle peut pour protéger les populations. Toutes les ressources de l’Onuci sont consacrées à ce travail », a déclaré son porte-parole, Hamadoun Touré, en réponse à Alassane Ouattara.

« La situation est inconfortable », a-t-il ajouté. « Elle montre que chaque camp veut avoir l’Onuci de son côté » mais « notre impartialité militaire est de rigueur ».

Le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, doit rencontrer mercredi la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf pour évoquer la situation des Ivoiriens qui se réfugient au Liberia.

Cette dernière pourrait ensuite se rendre au sommet des chefs d’État de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui doit se tenir mercredi et jeudi au Nigeria. (avec AFP)

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