Libye : le soutien logistique des forces pro-Kadhafi dans la ligne de mire de la coalition

Après quarante-huit heures de frappes « ciblées », la coalition menée par les Anglo-Saxons et la France veut désormais priver de soutien logistique les forces de Kadhafi. Mais plusieurs voix s’élèvent pour que les frappes occidentales s’arrêtent et se limitent à la préservation de la zone d’exclusion aérienne.

Des insurgés libyens se retirent après avoir tentés de reprendre Ajdabiya aux pro-Kaddafi. © AFP

Des insurgés libyens se retirent après avoir tentés de reprendre Ajdabiya aux pro-Kaddafi. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 21 mars 2011 Lecture : 2 minutes.

Après l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne et le bombardement des défenses antiaériennes et des blindés de Mouammar Kadhafi, dans les nuits de samedi et dimanche, c’est au tour des axes de ravitaillement des forces gouvernementales d’être dans la ligne de mire de la coalition dirigée par les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne.

« Les forces de Kadhafi sont plutôt éparpillées entre Tripoli et Benghazi [à 1 000 km à l’est] et nous allons essayer de couper le soutien logistique », a expliqué dimanche le plus haut gradé américain, l’amiral Michael Mullen. Plus tard dans la nuit, des missiles ont détruit un bâtiment administratif – centre de commandement, selon les alliés – situé à l’intérieur du complexe résidentiel de Kadhafi, dans le sud de Tripoli.

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Kadhafi est-il visé ?

Cette opération pose évidemment la question de l’objectif final de la coalition. Est-il, officieusement, de déposer Kadhafi ? Plusieurs hauts responsables ont nié cette hypothèse. Mais le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a clairement laissé entendre lundi que cela pourrait arriver… Si les rebelles libyens arrivent à vaincre son armée, ce qui n’est pas gagné d’avance.

Dans l’est, les troupes de Kadhafi qui avaient attaqué Benghazi samedi matin, ont reculé jusqu’à Ajdabiya, à 160 km au sud, selon des journalistes de l’AFP, qui ont vu des dizaines de chars détruits par des frappes aériennes le long de la route entre les deux villes.

Dans la matinée, des centaines de rebelles se rassemblaient à quelques kilomètres d’Ajdabiya, où les forces gouvernementales s’étaient retranchées et où toutes les communications ainsi que l’alimentation en eau étaient coupées.

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En réponse à un appel de l’Union africaine (UA) à « la cessation immédiate des hostilités », la Libye a renouvelé dimanche soir son engagement à respecter le cessez-le-feu qu’il avait prétendu – à tort – vouloir appliquer dès vendredi. Mais Washington a dénoncé « un mensonge » de plus de la part du colonel, qui est un grand admirateur du général allemand Erwin Rommel (1891-1944), surnommé le « renard du désert ».

Vives réactions internationales

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L’Italie, la Belgique et l’Espagne ont annoncé dimanche leur participation aux opérations, tout comme le Qatar et les Émirats. Mais l’intensité des premiers bombardements a provoqué de vives réactions. Si le très influent prédicateur qatari cheikh Youssef al-Qardaoui a affirmé que l’intervention internationale était « nécessaire », le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, a estimé que les frappes s’écartaient de leur but premier. L’Allemagne, qui s’était abstenue sur le vote de la résolution 1973, s’est dite confortée dans ses fortes réserves à l’égard de l’opération militaire, et la Russie a jugé « inadmissible » d’utiliser le mandat de l’ONU « pour mener à bien des objectifs qui vont clairement au-delà de ses dispositions ».

Le Pentagone a affirmé dimanche soir qu’il n’y avait « pas d’indication » de victimes civiles dans les zones touchées par la coalition. Le régime libyen a quant à lui annoncé que 48 personnes avaient péri samedi soir, même si les journalistes invités à assister à des funérailles de victimes n’ont vu aucun corps… La question est cependant cruciale pour les coalisés, qui auraient du mal à justifier une opération provoquant la mort de Libyens sans défense. Lundi matin, la Grande-Bretagne a ainsi annoncé avoir renoncé à une opération prévue dans la nuit, ses avions ayant repéré des civils dans le périmètre visé. (Avec AFP)
 

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