Côte d’ivoire : au moins douze morts à Abobo, la crainte d’une guerre civile se renforce

L’attaque d’Abobo par les forces fidèles au président sortant Laurent Gbagbo a fait au moins douze morts civils jeudi 17 mars dans un marché populaire. Les combats menacent de s’étendre à tous les quartiers d’Abidjan.

Des résidents se préparent à quitter le quartier d’Abobo, le 13 mars 2011. © AFP

Des résidents se préparent à quitter le quartier d’Abobo, le 13 mars 2011. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 17 mars 2011 Lecture : 2 minutes.

L’attaque menée à Abobo, quartier le plus peuplé d’Abidjan, par les Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles à Laurent Gbagbo, le président ivoirien sortant de plus en plus isolé diplomatiquement, a fait de nombreuses victimes civiles. « Certains obus sont tombés près du marché, on a vu les douze morts », a témoigné un habitant. Un bilan confirmé par plusieurs témoins, mais qui pourrait être encore plus lourd.

« J’ai vu les corps d’une femme et de onze hommes et jeunes gens, devant une cour. Actuellement, on est tous éparpillés dans le quartier. J’ai fui ma maison avec mes enfants pour nous mettre dans les maisons plus loin dans le quartier », a notamment rapporté une habitante.

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Témoignages accablants

L’origine des tirs n’a pas été revendiquée par les FDS, et pour cause. Mais plusieurs témoignages accablent les militaires du président sortant. « Les forces de Gbagbo ont lancé des obus vers le marché, près de la gare routière UTB. J’ai vu des corps allongés », dit un habitant. « J’étais assise dans la cour, le premier tir a commencé, j’ai entendu "boum" puis un deuxième "boum". Je suis sortie et j’ai vu les gens en train de courir, il y avait des blessés. Ils disaient que les forces pro-Gbagbo attaquaient », a affirmé une autre habitante. « Une cousine est tombée, elle est morte. Les gens quittent le quartier », a-t-elle ajouté.

Depuis la mi-février, la crise ivoirienne menace de se transformer en véritable guerre civile. Des insurgés progressent à partir d’Abobo vers des quartiers avoisinants. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des tirs, notamment à l’arme lourde, ont été entendus dans le quartier d’Adjamé, qui abrite deux importants camps militaires sur la route du Plateau, quartier administratif où se trouve le palais présidentiel. Une brigade de gendarmerie, dans les environs du journal gouvernemental Fraternité matin, a été attaquée par les rebelles.

Extension des combats

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Depuis le début de la semaine, des combats ont également éclaté dans le quartier résidentiel de Cocody, où se trouvent le siège de la Radio Télévision ivoirienne (RTI, contrôlée par le camp Gbagbo) et la résidence du président sortant. Même scénario dans le secteur Port-Bouët 2, une enclave pro-Ouattara dans le quartier de Yopougon (ouest), bastion de Gbagbo. Des tirs à l’arme lourde y ont été entendus toute la nuit dernière et un imam y a été tué par balle, mardi.

« Les risques sont importants de voir les affrontements s’étendre en très peu de temps à l’ensemble de la ville, avec des conséquences importantes sur la sécurité des civils », affirme la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). La commissaire européenne en charge de l’aide humanitaire, Kristalina Georgieva, a appelé jeudi le monde à ne pas oublier la crise humanitaire en Côte d’Ivoire qui, selon elle, « en réalité dépasse » celle en cours en Libye. La Côte d’Ivoire est « au bord de la guerre civile, a-t-elle ajouté. Un discours très attendu de Laurent Gbagbo est annoncé jeudi soir sur la RTI. (Avec AFP)

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