Cameroun : Paul Biya soigne ses généraux
Le président camerounais Paul Biya a nommé le 11 mars dix nouveaux généraux qui prendront leurs fonctions dans quelques semaines. Parallèlement, quatre de leur collègues, des ténors de l’armée, occuperont désormais des postes honorifiques équivalant à une mise à la retraite d’office.
En nommant dix nouveaux généraux, le 11 mars, le président Paul Biya a procédé à une importante redistribution des cartes au sein de l’armée camerounaise. La liste des heureux gagnants comporte deux généraux de brigade pour la gendarmerie nationale, trois pour l’armée de terre et un pour l’armée de l’air, ainsi que quatre contre-amiraux pour la marine nationale. Parallèlement, des changements de portefeuilles entre généraux en fonction ont été également enregistrés.
Parmi les promus, certains sont connus. Notamment Hyppolite Ebaka ou encore Martin Tumenta, ces deux derniers ayant fait figure de vedettes lors de la célébration du cinquantenaire des armées à Bamenda, en décembre 2010.
Mais la surprise de ce « rafraichissement » tient surtout à « l’admission en deuxième section » de quatre militaires parmi les plus gradés et les plus anciens du pays, dont l’emblématique Pierre Semengue, 76 ans, qui a obtenu le grade de général il y a 38 ans. Comme ses frères d’armes James Tataw Tabe (le doyen, 78 ans, dont 56 dans les forces de défense), Jean Nganso Sunji et Yaya Oumaroudjam, il occupera désormais un poste honorifique de mise en réserve… qui équivaut en réalité à une mise en retraite.
Petite révolution
Considérés comme la mémoire vivante de l’armée camerounaise, les quatre généraux conservent leur porte-fanion ainsi que tous les avantages liés à leurs fonctions, et seront appelés à jouer un rôle de consultants. Une petite révolution dans l’armée : depuis l’indépendance du pays en 1960, aucun général n’a jamais été mis à la retraite. Certains sont morts en fonction, comme Paul Yakana Guebama, décédé le 13 avril 2007 au poste de chef d’état-major de l’armée de l’air. Mais parmi la vingtaine encore en service figurent encore quelques septuagénaires…
Le décret présidentiel est donc une première. Et il est diversement apprécié. Pour les proches du pouvoir, la décision du président Paul Biya s’inscrit dans la politique de modernisation des armées, engagée en 2001, et de rajeunissement des effectifs. L’opposition, elle, relève que la moyenne d’âge des dix généraux nouvellement nommés est de 60 ans, le plus jeune ayant 55 ans. La décision du président viserait donc davantage à calmer le mécontentement d’une partie de l’armée, impatiente d’accéder au rang supérieur.
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Clarisse Juompan, envoyée spéciale à Yaoundé
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