Côte d’Ivoire : tirs à l’arme lourde dans la ville de Duékoué, un imam tué à Abidjan
Duékoué, une ville de la zone Sud, contrôlée par les forces pro-Gbagbo, a connu des tirs à l’arme lourde mercredi matin. La veille, un imam était tué dans la capitale économique après la prière. Human Rights Watch dénonce « des crimes contre l’humanité ».
La ville de Duékoué, située dans l’ouest de la Côte d’Ivoire et dans la zone contrôlée par les forces favorables au président sortant Gbagbo, a été le théâtre d’affrontements à l’arme lourde et à la kalachnikov mercredi matin, selon plusieurs témoignages.
« Ils ont commencé à tirer vers 5h00 [locales et GMT], c’est dans la ville même. Il n’y a personne dans les rues. Depuis dimanche, il y avait des rumeurs d’attaque, tout le monde avait peur », a témoigné une habitante, dont les informations ont été confirmées par deux autres résidents de Duékoué.
Duékoué, située dans l’ouest, a été le théâtre d’affrontements mercredi 16 mars.
L’origine des tirs est encore inconnue. Mais depuis la fin février, les ex-rebelles des Forces nouvelles (FN), désormais alliées au président reconnu par la communauté internationale Alassane Dramane Ouattara, se sont lancés dans une offensive pour reprendre une à une des villes de l’Ouest. Les FN ont notamment pris les villes de Toulépleu, Doké, situées à une centaine de kilomètres de Duékoué.
Début janvier, alors que la situation était encore calme dans le reste du pays, Duékoué avait déjà été le théâtre de violences intercommunautaires meurtrières.
Balle perdue
Plusieurs témoins ont par ailleurs indiqué que des violences ont eu lieu mardi soir à Abidjan dans le secteur de Port-Bouët 2, une enclave pro-Ouattara située dans le quartier de Yopougon, bastion du président sortant Laurent Gbagbo.
Un imam y a été tué en fin d’après-midi au sortir de la prière de 18 heures. « Il paraît que l’imam était debout sur le seuil de la porte de la mosquée et que c’est là-bas qu’il a reçu les balles et il est tombé, il est mort », a rapporté l’imam Idriss Koudouss, président du Conseil national islamique (CNI).
« Ça tirait partout, je crois que c’est une balle perdue, je ne pense pas qu’on l’ait visé. Je sors du commissariat où je suis venu faire les papiers. On fera l’enterrement après la prière de 13h00 », a-t-il dit.
Plus tôt, quatre civils, des Jeunes patriotes soutenant Laurent Gbagbo, avaient été tués alors qu’ils défendaient un barrage à l’entrée du quartier des Deux-Plateaux.
Human Rights Watch dénonce "des crimes contre l’humanité"
Ces nouvelles violences – la crise postélectorale en Côte d’Ivoire a déjà fait près de 400 morts selon les Nations unies – ont eu lieu alors qu’Alassane Ouattara a appelé Laurent Gbagbo à saisir « sa dernière chance » d’encourager « une sortie de crise pacifique et honorable ».
La situation pourrait bien se transformer en guerre civile, et l’ONG Human Rights Watch (HRW) a directement mis en cause les fidèles à Laurent Gbagbo. Dans un rapport intitulé « Côte d’Ivoire : crimes contre l’humanité par des forces de Gbagbo » et rendu public mercredi, elle écrit : « les forces pro-Gbagbo ciblent de plus en plus souvent des immigrés venus des pays voisins d’Afrique de l’Ouest », du Mali, du Burkina Faso, du Niger ou du Nigeria, considérés comme favorables à Alassane Ouattara.
Et d’ajouter : « Il est grand temps que le Conseil de sécurité de l’ONU impose des sanctions contre Gbagbo et ses alliés, directement impliqués dans les abus de la période postélectorale. »
HRW dénonce aussi « les tueries de civils par les forces pro-Ouattara, apparemment pour des motivations politique ou ethnique » qui « risquent également de devenir des crimes contre l’humanité si elles se répandent ou deviennent systématiques ». (Avec AFP)
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Lire l’intégralité du rapport de Human Rights Watch (en anglais) ici.
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