Pour le belge Bia, le Katanga ne suffit pas
Mauritanie, Guinée, Cameroun, Zambie… Depuis une dizaine d’années, le distributeur d’engins Bia multiplie les incursions hors de RD Congo. Et les résultats sont au rendez-vous.
Alors que les investissements miniers ralentissent en Afrique, Bia reste optimiste. Pour 2013, le groupe familial belge, spécialisé dans la distribution d’équipements pour le secteur, table sur une hausse de 20 % de son chiffre d’affaires africain. Depuis 2009, celui-ci a déjà augmenté de 164 %, pour atteindre 232 millions d’euros en 2012. Et ses patrons n’entendent pas s’arrêter là : « D’ici à 2020, nous comptons doubler notre chiffre d’affaires et dépasser ainsi les 400 millions d’euros de revenus », affirme Éric Perben, directeur général de Bia Overseas, la filiale consacrée au continent. Quelque 80 % du chiffre d’affaires proviennent de la distribution d’engins miniers, et 20 % des matériels de génie civil (terrassement, routes).
Ces belles performances sont le résultat d’un virage stratégique habilement négocié au début des années 2000. Cantonnée jusqu’alors à la seule RD Congo (où son fondateur, Georges Bia, avait commencé ses activités dès 1902), l’entreprise, héritière du Bureau technique Bia installé à Lubumbashi en 1948 pour monter et réparer les engins miniers du Katanga, s’est engagée dans un plan d’expansion ambitieux. « La fin des années 1990 était une période politique difficile pour la RD Congo, en particulier pour le secteur minier au Katanga et dans l’est du pays. Nous avons donc cherché à croître ailleurs en Afrique francophone en visant d’autres secteurs, notamment les travaux publics », explique Vincent Bia, troisième du nom à diriger l’entreprise après son grand-père Georges et son père Jacques. En outre, après le retrait des permis congolais de First Quantum (l’un de ses principaux clients avec Areva, la Compagnie des bauxites de Guinée ou encore la Société nationale industrielle et minière de Mauritanie), en 2009, Bia a suivi le groupe en Zambie et en Mauritanie.
Désormais, même si le Katanga reste une base importante pour les mines de cuivre et de cobalt, Bia poursuit donc sa croissance ailleurs sur le continent. Le groupe a notamment étendu ses services aux pays francophones qui accueillent de nouveaux projets aurifères et ferreux : le Mali, le Burkina Faso, la Guinée, le Cameroun… Résultat : la firme est aujourd’hui présente dans 20 pays africains. « Nous disposons désormais de trois hubs logistiques et techniques à partir desquels nos équipes peuvent intervenir : Dakar, Ouagadougou et Lubumbashi », précise Éric Perben. « Bia est l’un des groupes belges les mieux organisés en Afrique. Il a su se diversifier en s’appuyant sur ses compétences locales, indique Thierry Claeys Bouuaert, vice-président de la Chambre de commerce Belgique-Luxembourg-Afrique-Caraïbes-Pacifique. Des dizaines de ses techniciens, congolais pour la plupart, interviennent aujourd’hui partout sur le continent pour installer et réparer les grands engins miniers. »
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Foreuses
C’est précisément en s’appuyant sur la bonne réputation de son personnel et sur son expérience congolaise que le groupe a su s’attirer les faveurs des équipementiers. En 1997, Bia, qui distribuait jusque-là des engins d’excavation de taille moyenne, a élargi sa gamme aux foreuses Sandvik, avant de devenir l’année suivante le représentant de la marque Komatsu (camions et bulldozers) dans six pays d’Afrique francophone. Cette signature a été capitale pour la société, car le constructeur japonais domine, avec l’américain Caterpillar, le marché juteux des équipements miniers. Un camion peut coûter jusqu’à 10 millions d’euros, et pour faire fonctionner une mine de cuivre ou de fer, il en faut des dizaines…
Nous sommes présents sur toute la chaîne minière, avec une marque leader sur chacun des processus : de l’exploration jusqu’à l’exploitation de surface ou souterraine », assure Éric Perben. Par ailleurs, pour séduire la clientèle, le groupe joue aussi la carte des services associés, surtout dans le domaine financier compte tenu du coût élevé des engins. « Nous avons recruté une équipe venue du monde bancaire et spécialisée dans les solutions de financement des flottes d’engins industriels. Elle travaille à nouer des accords avec des établissements comme Société générale ou Ecobank », explique le directeur général de Bia Overseas. L’entreprise a également signé des contrats d’approvisionnement avec Bolloré Logistics et Delmas, qui acheminent les pièces détachées jusqu’aux sites miniers.
Une concurrence acharnée
Quatre constructeurs dominent le marché des équipements miniers : le japonais Komatsu, distribué par Bia, l’américain Caterpillar, par Tractafric Equipment (filiale du marocain Optorg), le suédois Volvo, par le belge SDA (propriété de Philippe de Moerloose), et le japonais Hitachi. Si Optorg et SDA ont fusionné leurs entités de distribution automobile dans Tractafric Motors Corporation en 2012, ils restent des concurrents acharnés dans le domaine des équipements miniers, où toute alliance est exclue. C.L.B.
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