Libye : les Africains, laissés-pour-compte du rapatriement
Des centaines, voire des milliers de ressortissants africains attendent toujours, à Tripoli, de pouvoir rentrer dans leur pays pour fuir les violences de la révolution.
De nombreux Africains immigrés en Libye tentent désormais de fuir ce pays en proie à un sanglant soulèvement depuis plusieurs semaines. Beaucoup sont partis dès les premiers jours de la révolution, mais d’autres n’ont pas d’argent, pas de papiers en règle voire aucun endroit où aller. La situation est devenue ingérable dans les gares et les aéroports où ils sont restés bloqués.
Devant les guichets d’enregistrement de l’aéroport de Tripoli, certains, comme Moussa Koulibaly, un Nigérien de 30 ans, vont pouvoir regagner leur pays d’origine, soulagés de fuir le climat d’insécurité après 13 jours d’une interminable attente à l’aéroport. « Nous ne pouvons pas attendre la guerre civile, surtout que nous sommes des étrangers », explique-t-il avant de monter dans un avion avec son épouse pour gagner Niamey. « Des jeunes Libyens ont forcé ma porte. Ils nous ont tout volé », déplore-t-il, avant de reconnaître : « Mais au Niger il n’y a pas de travail. »
Plus loin, à l’entrée de l’aéroport, des dizaines de Ghanéens et de Nigérians font la queue devant des bus affrétés par les autorités. « Ils vont retourner dans leur pays par voie terrestre, comme ils sont venus », explique un agent de la sécurité civile qui organisait le cortège. « Nous avons eu assez de problèmes. Ils ont détruit une porte de l’aérogare. Ça pue dans tout l’aéroport. Une femme a accouché sous une tente. La situation est devenue par moments ingérable. »
"Où est notre ambassade ?"
La situation humanitaire semble hors de contrôle, alors que quelques associations tentent d’apporter leur soutien aux expatriés africains. « Nous avons demandé à leurs ambassades de les prendre en charge. Pourquoi prennent-ils ce retard ? », déplore Ali Boussifi, président d’une association caritative libyenne en charge du camp de fortune qui s’est établi sur le parking de l’aéroport. « Ils nous répondent que leurs ressortissants n’ont pas de papiers, pas de passeports, ne sont pas en règle. Comment faire pour les rapatrier ? L’erreur est là », dit-il.
« Il y a des avions mais ils nous demandent de l’argent. Mais aucun d’entre nous ici n’a de l’argent », confirme Achraf Mechaal, un Égyptien de 45 ans. « Les gens dorment le jour sous le soleil et la nuit sous le froid », affirme-t-il, déplorant une « situation misérable » pour un millier d’Égyptiens bloqués à l’aéroport. « Où est notre ambassade ? Où est le ministère des Affaires étrangères ? Qu’ils viennent voir cette misère », lance un autre Égyptien à proximité.
Plus que tout, c’est l’eau et la nourriture qui manquent à ces expatriés. Une camionnette chargée d’une vingtaine de packs d’eau se fraie un chemin entre les immigrés. Des dizaines d’entre eux prennent d’assaut le chargement et arrachent quelques bouteilles. « Vous voyez. Ils ne peuvent jamais s’organiser. C’est notre principal problème », lance un jeune volontaire à bord du véhicule. (avec AFP)
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