Forte mobilisation à la frontière sénégalo-malienne contre l’excision

Les initiatives pour l’abandon de l’excision se multiplient dans les communautés villageoises, à la frontière sénégalo-malienne. En 2010, au Sénégal, 28 % des femmes déclaraient avoir été excisées. Au Mali, il n’existe toujours pas de loi interdisant cette pratique. Et la lutte y est désormais entre les mains d’ONG locales.

Près de 90 villages maliens et sénégalais se sont engagés à cesser la pratique de l’excision. © AFP

Près de 90 villages maliens et sénégalais se sont engagés à cesser la pratique de l’excision. © AFP

Publié le 14 mars 2011 Lecture : 2 minutes.

Cérémonie solennelle pour la noble cause de la lutte contre l’excision dans le sud-est du Sénégal. Les représentants de près de 90 villages sénégalais et maliens se sont engagés à abandonner cette pratique ancestrale portant atteinte au droit sexuel des femmes, a-t-on appris lundi auprès d’une ONG locale.

Venus nombreux, 1 500 participants se sont rassemblés dans le village de Gathiary, dans la région de Tambacounda, pour participer à la cérémonie de  « déclaration d’abandon de l’excision et des mariages précoces et forcés des filles ».

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Avancées significatives

De nombreuses femmes avec enfants et nouveaux nés avaient fait le déplacement, représentant « 70 villages sénégalais et 19 villages maliens », a indiqué à l’AFP Ali Ba, de l’ONG Tostan qui lutte pour l’abandon des mutilations génitales féminines (MGF). Une bonne nouvelle pour la région de Tambacounda où le taux de prévalence de l’excision est de 93 %, l’un des plus forts du pays.

En février, dans la région de Kaolack, au sud-est de Dakar, 58 communautés avaient déjà annoncé l’abandon de l’excision, en pointant les conséquences désastreuses de telles pratiques imposées aux jeunes filles. Depuis 1997, l’action de Tostan au Sénégal a permis d’atteindre « 4 751 communautés sur les 5 000 ciblées » par l’association, a affirmé M. Ba. Avec l’aide de chefs religieux sénégalais et maliens, des « rencontres de sensibilisation inter-villageoises » avaient été organisées en amont de la cérémonie.

« Il s’agit pour Tostan d’accompagner les populations à faire la promotion de la stratégie transfrontalière » en matière de lutte contre les MGF, a souligné le coordinateur national de l’ONG, Kalidou Sy.

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Disparités régionales

Mais les performances en matière de lutte contre l’excision  ne sont pas égales entre les deux pays. Le Mali est à la traine par rapport au Sénégal, qui a adopté une loi interdisant l’excision depuis 1999 et prévoit l’abandon totale de ces pratiques d’ici 2015.

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Véritable problème de santé publique, l’excision concerne 85 % des femmes de 15 à 49 ans selon l’Enquête démographique et de santé au Mali (EDSM) de 2006. La moitié des cas sont pratiqués sur des fillettes de moins d’un an. Au Sénégal, les chiffres sont moins catastrophiques, « 35 % des femmes de 15 à 49 ans en milieu rural, et 22 % en zone urbaine » sont victimes de l’excision, d’après l’Enquête démographique et de santé au Sénégal (EDSS) en 2005.

Les disparités restent importantes selon le milieu de résidence. Loin des villes, l’excision est plus courante, toujours très ancrées dans les pratiques traditionnelles. Dans certaines communautés, les filles sont encore excisées en cachette ou conduites dans des pays voisins où les MGF ne sont pas interdites, témoignent des acteurs de la lutte sur le terrain.

Selon Tostan, ce sont majoritairement les communautés mandingues et soninkées qui pratiquent les MGF. Lesquelles affectent deux à trois millions de filles et femmes chaque année en Afrique. (Avec AFP)

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