Libye : Kadhafi avance mais l’étau diplomatique se ressere autour de lui

Alors que les forces payées par Mouammar Kadhafi continuent leur avancée vers l’Est, les insurgés ont reçu la reconnaissance officielle des États-Unis et de l’Europe. La création d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye a également reçu l’appui de la Ligue arabe, qui s’est réuni à ce sujet samedi 12 mars.

Les rebelles prient ensemble à quelques kilomètres de Ras Lanouf. © AFP

Les rebelles prient ensemble à quelques kilomètres de Ras Lanouf. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 12 mars 2011 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour à 17h15

Le bras de fer contre Mouammer Kadhafi s’intensifie. Une réunion de la Ligue arabe a eu lieu ce samedi au Caire, sans les émissaires de l’ex-dirigeant libyen qui n’étaient pas autorisés à participer. « La décision de la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne a été acceptée par les ministres arabes à l’exception de ceux d’Algérie et de Syrie », a-t-il ajouté. La Ligue arabe est formée de 22 membres mais le régime libyen a été exclue des réunions après la répression de l’insurrection. « Les ministres ont décidé d’ouvrir des canaux de contact avec le Conseil national de transition (CNT) en Libye pour aider le peuple libyen », a déclaré un diplomate.

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L’UE étudie "toutes les options"

De son côté, le président américain Barack Obama a annoncé qu’il allait se doter d’un représentant auprès de la rébellion libyenne, tandis que les dirigeants européens ont de leur côté qualifié le Conseil national de transition de l’opposition (CNT), basé à Benghazi (est), d’« interlocuteur politique ». La veille la France avait pris tout le monde de court en reconnaissant le CNT comme « le représentant légitime du peuple libyen ». Tripoli a riposté vendredi en annonçant la suspension de ses relations diplomatiques avec Paris.

Les Européens ont décidé d’étudier « toutes les options » possibles, dans une allusion à une éventuelle intervention militaire, mais en précisant qu’il faudrait « une nécessité démontrée, une base juridique claire et le soutien de la région ». Dans ce but, un sommet tripartite doit se tenir prochainement entre l’UE, l’Union africaine et la Ligue arabe, qui se réunit de son côté samedi au Caire mais sans autoriser les émissaires du dirigeant libyen à participer.

« Les dirigeants actuels (de la Libye) doivent abandonner le pouvoir sans délai », a en outre déclaré le président de l’UE Herman Van Rompuy à l’issue du sommet. De son côté, le président Obama, s’est dit « préoccupé » par la capacité de Mouammar Kadhafi à se maintenir au pouvoir, et déterminé à « resserrer l’étau » sur le régime libyen. Les États-Unis ont par ailleurs annoncé qu’ils étendaient leurs sanctions visant la famille de Mouammar Kadhafi à son épouse et à plusieurs de ses enfants, et à des membres de son gouvernement.

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Carte de localisation des combats entre pro et anti-Kadhafi, vendredi 11 mars 2011.

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© AFP

Contrôle des airs

Sur le terrain, fortes de leur ressources financières solides, les forces à la solde de Kadhafi ont lancé au moins deux attaques aériennes à l’est de Ras Lanouf, touchant un poste de contrôle des insurgés et une raffinerie, selon des journalistes de l’AFP. Cette ville pétrolière stratégique, au sud-ouest de Benghazi, fief de la rébellion, avait été pendant une semaine la base avancée des rebelles dans l’Est. Mais les insurgés avaient dû l’abandonner, après des bombardements intenses jeudi des forces pro-Kadhafi.

« Leur suprématie est totale. Ils ont tiré depuis des bateaux, et ils contrôlent les airs », a expliqué un médecin à Brega, ville située plus à l’est. Selon une source médicale, les combats de jeudi à Ras Lanouf ont fait plus de 10 morts et des dizaines de blessés parmi les insurgés.

Les intenses bombardements qui ont touché Ras Lanouf ont bloqué la progression des insurgés partis de Benghazi à la conquête des villes côtières jusqu’à Tripoli. Samedi dernier, les insurgés avaient progressé jusqu’à Ben Jawad, une localité à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest de Ras Lanouf, mais en avaient été chassés dès le lendemain par les pro-Kadhafi dont les frappes n’ont cessé de s’intensifier depuis.

Repli stratégique à Benghazi

À Zawiyah ( 40 km à l’ouest de Tripoli), les forces du régime fêtaient vendredi leur victoire dans ce bastion rebelle tombé officiellement mercredi après plus de deux semaines de résistance acharnée. Selon des secouristes à la frontière tunisienne, un homme arrivé de Zawiyah dans la nuit a raconté que la situation y était « catastrophique » et qu’« il y avait des morts partout ».

Ailleurs dans le pays, les rebelles contrôlaient toujours Misrata (150 km à l’est de Tripoli) et plusieurs villes du Nord-Ouest, en particulier dans la région montagneuse du Jabal Al-Gharbi, selon des témoignages. À Benghazi, les rebelles demeuraient déterminés à combattre les hommes de Kadhafi, en dépit des revers enregistrées ces derniers jours.

« Nous n’avons pas peur de cette armée composée à 90 % de mercenaires. Nous pouvons les battre », assure Khaled, oncle de Fathi Ali, un insurgé de 21 ans tué jeudi à Ras Lanouf et enterré vendredi. Plus de 10 000 personnes se sont par ailleurs rassemblées dans cette ville pour réclamer le départ du colonel Kadhafi. (Avec AFP)

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