Mamane Badamassi Annou : « Le gouvernement nigérien a respecté tous ses engagements »

Un peu plus d’un an après la chute du président nigérien Mamadou Tandja, le Niger est sur le point d’achever sa transition démocratique avec le second tour de l’élection présidentielle opposant Seini Oumarou et Mahamadou Issoufou. Mamane Badamassi Annou, le ministre de l’Économie et des Finances du Niger, revient sur les réalisations de son gouvernement. Interview.

Mamane Badamassi Annou : « Le Tazartché est derrière nous ». © Vincent Fournier pour J.A.

Mamane Badamassi Annou : « Le Tazartché est derrière nous ». © Vincent Fournier pour J.A.

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 11 mars 2011 Lecture : 3 minutes.

Le deuxième tour de la présidentielle, le 12 mars, doit mettre fin à une transition de douze mois. Quel bilan peut-on en tirer ?

Le programme de la transition avait prévu la restauration de la démocratie en douze mois, grâce à l’organisation de cinq scrutins en cinq mois. Nous avons entamé le douzième mois et quatre élections ont déjà eu lieu. Et le dernier scrutin, c’est-à-dire le deuxième tour de la présidentielle, le 12 mars, nous donnera un président. Le bilan ne peut qu’être positif. Notre pays aura montré au monde et à lui-même qu’il sait prendre des engagements et les tenir. Il aura également démontré que ce qui s’est passé du temps de « Tazartché » [la « continuité » voulue par l’ex-président Mamadou Tandja, NDLR] est derrière nous et que les Nigériens peuvent mettre l’intérêt supérieur du Niger au dessus de tout.

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L’interview vidéo de Mamane Badamassi Annou

Que peut-on retenir de votre passage à la tête du ministère de l’Économie et des Finances ?

Nous avons travaillé à la stabilité financière du pays, ce qui a permis une paix sociale et conduit à l’organisation des scrutins. Concrètement, cela signifie qu’aujourd’hui au Niger, si vous êtes fonctionnaire, vous êtes payé en temps et en heure à la fin de chaque mois. Si vous êtes médecin, vous disposez de moyens pour travailler convenablement, etc.

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Les problèmes de sécurité avec les otages enlevés par Aqmi dans le nord du pays et même dans la capitale, Niamey, ont-ils eu un impact négatif sur les investissements étrangers ?   

Le problème de sécurité dont vous parlez est notamment lié à notre positionnement géographique. Et c’est un phénomène dont la résolution dépasse les moyens d’un seul pays. Jusque-là, ce problème n’a pas eu d’effets négatifs sur les investissements étrangers. Nous avons par exemple signé récemment un accord avec le groupe russe Gazprombank, qui va investir 10 millions de dollars dans l’exploration minière au cours des trois prochaines années.

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Outre les problèmes de sécurité, le Niger a été menacé par une famine en 2010. Le spectre de la faim est-il définitivement écarté ?

Il n’y a pas d’assurance que, d’ici quelques années, une nouvelle crise alimentaire ne se produise pas au Niger. Ce qu’il faut retenir, c’est l’effort phénoménal qu’ont déployé les institutions internationales et le gouvernement pour juguler cette crise dans le temps et avec le moins d’effets négatifs sur les populations locales. Au total sept millions de nigériens sur quatorze étaient menacés de famine. Il fallait une intervention d’urgence, ciblée mais suffisamment effective pour que des mouvements non-contrôlés de populations ne se produisent pas.

Concrètement, qu’est-ce qui a été fait ? 

Il existe un dispositif de gestion de crise alimentaire au Niger. Mais celui-ci ne peut être déclenché que si le gouvernement, sur la base d’un audit des stocks céréaliers, le demande. C’est ce que nous avons fait. Des distributions gratuites de nourriture ont été réalisées pour la frange de la population qui ne dispose pas de revenus suffisants et des subventions ont été octroyées à ceux qui peuvent acheter, mais pas au prix du marché. Au total nous avons distribué 60 000 tonnes de vivres.

Comment lutter durablement contre la faim au Niger ?

Si aujourd’hui nous disposons d’un excédent céréalier d’un million de tonnes, c’est notamment grâce à une bonne pluviométrie. Le Niger doit mettre en place une politique agricole, et surtout faire partie d’un marché régional. Pour soutenir le secteur, nous venons de créer une banque agricole dotée d’un capital de 10 milliards de F CFA…

Propos recueillis par Stéphane Ballong

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