Égypte : au moins dix morts dans des violences confessionnelles au Caire
Des affrontements entre coptes (qui représentent 6 à 10 % des Égyptiens) et musulmans ont fait officiellement dix morts au Caire depuis samedi. Un millier de chrétiens ont manifesté mardi dans la capitale pour dénoncer les violences et les discriminations qu’ils subissent.
Tandis qu’un millier de chrétiens égyptiens envahissaient mardi l’immeuble de la radio-télévision dans le centre du Caire, d’autres bloquaient une autoroute urbaine pour protester contre les violences confessionnelles entre coptes et musulmans. Bilan officiel : 10 morts depuis samedi dernier et 110 blessés depuis le début des affrontements samedi, selon le ministère de la Santé, sans toutefois préciser la confession des victimes.
À l’origine des nouvelles violences entre les deux communautés religieuses, une relation amoureuse entre un chrétien et une musulmane qui a mal tourné. Les deux pères des amoureux auraient été tués dans une dispute familiale. L’affaire aurait pu en rester là si l’église de la localité de Soul (sud du Caire), où le fait divers s’est produit, n’avait été incendiée en représailles le lendemain par des musulmans, déclenchant le cycle de la vengeance.
Les "salafistes" mis en cause
Les heurts se sont ensuite propagés vers d’autres quartiers à majorité copte. À Mogattam, à l’est du Caire, un prêtre a indiqué avoir dénombré dans le petit hôpital qui jouxte sa paroisse six coptes tués et au moins 45 autres blessés. « Tous les morts ont été tués par balles, et les blessés ont aussi été touchés par des tirs », a déclaré le père Samaane Ibrahim. Le religieux a mis en cause des « voyous » et des « salafistes ». Selon lui, des cocktails Molotov ont été lancés contre des habitations, les attaquants incendiant également des entrepôts et des ateliers de recyclage.
Les autorités ont assuré mardi soir que les forces armées « faisaient face avec succès aux émeutes » à Moqattam et dans des quartiers voisins. Les services de sécurité ont fait état d’affrontements à coups de pierre entre chrétiens et musulmans, et des témoins ont indiqué que l’armée, présente sur les lieux, avait tiré en l’air pour disperser la foule.
L’armée critiquée
Mais mercredi des chrétiens, qui se sentent de plus en plus marginalisés depuis quelques années, ne cachaient pas leur ressentiment à l’égard de l’armée qui gère le pays depuis le départ de l’ex-président Moubarak le 11 février dernier. « Nous nous attendions à ce que l’armée nous défende. Mais maintenant nous savons qu’elle est contre nous, comme la police », affirmait par exemple un menuisier copte, Saleh Ibrahim.
Afin d’apaiser les tensions, en ultime recours, le Premier ministre, Essam Charaf, s’est engagé à reconstruire l’église de la discorde avant Pâques, et à « poursuivre les auteurs de sa destruction et de l’incendie », a indiqué son cabinet sur sa page officielle sur Facebook.
Les tensions confessionnelles avaient déjà fait 35 blessés et un mort en novembre dernier lors de heurts entre la police et la communauté copte, qui protestait contre l’interdiction de construire une église dans un quartier du Caire. Puis dans la nuit du Nouvel An, un attentat devant une église d’Alexandrie, dans le nord de l’Égypte, avait fait 23 morts. (Avec AFP)
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