Manifestations sans précédent contre le confessionalisme politique au Liban
Au Liban, une partie de la jeunesse a manifesté dimanche pour réclamer l’abolition d’une « dictature » un peu particulière : celle du confessionnalisme politique, mis en place à titre transitoire par la Constitution de 1926.
Musulmans et chrétiens, ils étaient 7 000 selon la police, 20 000 selon les organisateurs, à défiler dimanche 6 mars à Beyrouth, pour exiger l’abolition du confessionnalisme politique, qui ordonne la répartition du pouvoir et des postes administratifs entre les 18 communautés religieuses reconnues du pays. Un système responsable, selon les manifestants, de la corruption endémique, des blocages politiques et des troubles civils que connaît le pays depuis plusieurs dizaines d’années.
Un objectif national
En 1990, l’accord de Taëf qui avait mis fin à quinze ans de guerre civile, avait affirmé que « l’abolition du confessionnalisme politique est un objectif national essentiel qui exige pour sa réalisation une action programmée par étapes ». Cependant rien ne semble avoir été fait pour l’instant dans ce sens. Au contraire, le clientélisme et la communautarisation de la vie politique semblent plus vivaces que jamais, à l’heure où les partisans de l’ancien Premier ministre sunnite Saad Hariri et ceux du Hezbollah chiite s’affrontent sur la publication prochaine de l’acte d’accusation du Tribunal international chargé d’enquêter sur l’assassinat de Rafic Hariri en 2005.
L’an dernier, une « Laïque parade » avait déjà rassemblé 5 000 militants le 25 avril 2010, et il était prévu de rééditer cette marche le 11 avril cette année. Mais le vent de démocratisation qui souffle irrésistiblement sur le monde arabe a fini par pousser plus tôt la jeunesse libanaise dans la rue. Avec un succès inattendu.
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