Côte d’Ivoire : après les banques, Gbagbo veut nationaliser la filière cacao

La relance de la filière cacao est vitale pour le gouvernement Gbagbo qui rencontre de sérieuses difficultés à payer les fonctionnaires. Pour remédier à la situation, celui-ci compte désormais se passer de l’aide des multinationales, alors que la situation sécuritaire continue de se dégrader en Côte d’Ivoire.

Laurent Gbagbo, ici le 5 mars à Abidjan, essaie de sauver son régime par tous les moyens. © AFP

Laurent Gbagbo, ici le 5 mars à Abidjan, essaie de sauver son régime par tous les moyens. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 8 mars 2011 Lecture : 2 minutes.

Avec une autorité déclinante et sans vraie légitimité depuis l’éclatement de la crise postélectorale ivoirienne, le gouvernement du président sortant Laurent Gbagbo tente le tout pour le tout afin d’empêcher l’asphyxie économique du pays et donc de ses ressources propres. Après avoir essayé de nationaliser sans grand succès les banques qui cessaient momentanément leurs activités en Côte d’Ivoire, il a décidé lundi par ordonnance que l’État se substituait désormais aux multinationales et prenait le contrôle de la filière cacao, un produit dont le pays est le premier producteur mondial.

Objectif : relancer une filière affectée par les sanctions de l’Union européenne – notamment l’embargo de fait sur les ports d’Abidjan et de San Pedro (ouest), premier port d’exportation de cacao au monde – et paralysée depuis que le président élu Alassane Ouattara a ordonné l’arrêt des exportations. Un mot d’ordre suivi par les grands négociants et chocolatiers, ce qui grève une bonne partie des revenus de l’État. Lequel commence en outre à rencontrer de sérieuses difficultés à payer ses fonctionnaires. Le café et le cacao représentent 40 % des recettes d’exportations de la Côte d’Ivoire, environ 20 % de son PIB et un potentiel de taxes de 100 milliards de F CFA pour l’État.

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Combats à Blolékin

Cette annonce intervient dans un climat explosif, alors que la crainte d’une reprise de la guerre civile est dans tous les esprits. Abidjan a été en proie à de nouvelles violences et les combats continuent dans l’Ouest entre Forces nouvelles soutenant Ouattara et forces loyales à Gbagbo. Selon l’ONU, au moins 370 personnes ont été tuées depuis fin 2010 dans le pays.

Selon le gouvernement Gbagbo, au moins trois personnes sont mortes dans la nuit de dimanche à lundi dans le quartier d’Abobo à Abidjan, fief de M. Ouattara, dans une attaque de « rebelles » qui a visé un village de l’ethnie ébrié, réputé pro-Gbagbo.

Dans l’Ouest du pays, au lendemain de leur prise de Toulépleu, ville proche du Liberia, les FN ont progressé mais s’affrontaient en fin de journée aux miliciens pro-Gbagbo et aux FDS dans les environs de la ville de Blolékin, à quelques dizaines de kilomètres de là. « C’est un combat de conquête », a dit un élément FN. « On les a repoussés. Les combats se poursuivent », a affirmé un milicien.

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Selon un habitant de Toulépleu, « la population a fui la ville pour se réfugier dans la forêt et les villages environnants », certains ayant pris « la direction du Liberia », où environ 70 000 Ivoiriens se sont déjà réfugiés depuis l’éclatement de la crise postélectorale. (Avec AFP)

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