Libye : les forces pro-Kadhafi progressent vers l’Est, Obama hausse le ton
La contre-offensive menée par Mouammar Kadhafi progresse péniblement vers l’Est, où elle est pour l’instant stoppée au niveau du port pétrolier de Ras Lanouf. Les initiatives diplomatiques se multiplient à l’ONU pour faire cesser les bombardements de civils.
« Je veux envoyer un message très clair aux collaborateurs du colonel Kadhafi. C’est à eux qu’il revient de choisir comment ils vont agir à l’avenir. Ils devront rendre des comptes », a affirmé lundi Barack Obama depuis le bureau ovale de la Maison Blanche, où il recevait le Premier ministre australien Julia Gillard.
Le président américain a également indiqué que l’Otan pourrait rapidement réagir aux violences contre des civils en Libye. « Entre-temps, au moment même où nous parlons, l’Otan est en train de mener des consultations à Bruxelles au sujet d’une gamme étendue de possibilités, dont des options militaires potentielles, en réaction à la violence qui continue en Libye », a-t-il dit.
L’Otan à la disposition de l’ONU
Le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, avait estimé un peu plus tôt lundi que les attaques contre des civils en Libye pouvaient être considérées comme des « crimes contre l’humanité » et que la communauté internationale ne pourrait pas rester passive si elles se poursuivaient. Outre l’exclusion de l’espace aérien, une des nombreuses options étudiées est la destruction ciblée des pistes d’atterrissage des avions de Kadhafi. Mais Rasmussen a répété que l’Otan n’avait « pas l’intention d’intervenir » sans mandat de l’ONU.
Or c’est justement vers les instances onusiennes que les initiatives diplomatiques convergent pour tenter de stopper la fureur sanguinaire des Kadhafi. Au nom des monarchies arabes du Golfe, le chef de la diplomatie émiratie, Cheikh Abdallah ben Zayed, a appelé lundi le Conseil de sécurité de l’ONU à « intervenir pour sauver le peuple libyen ». « Nous appelons la communauté internationale, et en premier lieu le Conseil de sécurité de l’ONU, à assumer ses responsabilités et à protéger le peuple libyen », a-t-il lancé à l’ouverture d’une réunion des ministres des Affaires étrangères du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui regroupe les Émirats, l’Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar, le sultanat d’Oman et Bahreïn.
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© AFP
De leur côté, les diplomates français et britanniques ne restent pas inactifs. Ils travaillent sur un projet de résolution des Nations unies établissant une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye pour empêcher les bombardements de civils, a confirmé lundi un diplomate onusien. « Les Français et les Britanniques travaillent sur un texte qui sera soumis assez vite aux quinze pays du Conseil de sécurité de l’ONU. Il y a un sentiment d’urgence. On ne peut pas laisser la population se faire massacrer sans rien faire », a affirmé le diplomate.
Le veto de la Chine et de la Russie
« Il faut s’attendre à ce qu’il y ait quelque chose sur la Libye [concernant une zone d’exclusion aérienne] cette semaine », a-t-il ajouté. Mais l’adoption d’une résolution sur une zone d’exclusion aérienne par les quinze États membres du Conseil de sécurité semble délicate selon une source diplomatique. Certains pays, en particulier la Chine et la Russie, sont réticents.
En attendant, les forces loyales à Kadhafi ont mené au moins deux raids lundi sur le port pétrolier stratégique de Ras Lanouf (à 300 km au sud-ouest de Benghazi), poste avancé de la rébellion dans l’Est. Ras Lanouf avait été pris vendredi par l’insurrection, qui résiste difficilement à la contre-offensive de Kadhafi. Dès l’aube, des habitants avaient fui la ville par crainte des combats qui ont fait au moins 12 morts et plus de 50 blessés dans le village Ben Jawad (à une quarantaine de kilomètres plus à l’ouest), d’où les insurgés ont été chassés.
Insurgés libyens à Ras Lanouf, le 7 mars 2011.
© AFP
Offensive repoussée de justesse
À Misrata, troisième ville du pays tenue par l’opposition (à 150 km à l’est de Tripoli), les combats de dimanche ont fait 21 morts, dont un petit garçon de deux ans et demi, et plus de 90 blessés, selon un médecin précisant que l’immense majorité des victimes étaient des civils. Les forces pro-Kadhafi ont attaqué la ville à l’arme lourde pendant toute la journée, a raconté le médecin. « Ils ont tiré sur des civils et des bâtiments. Les rebelles ont riposté et réussi à repousser les forces de Kadhafi hors de la ville », a-t-il ajouté.
L’ONU a demandé dimanche un accès d’urgence aux victimes « blessées et mourantes » de ces bombardements, et a lancé lundi un appel de fonds de 160 millions de dollars pour aider les victimes, alors qu’un pont aérien international se poursuivait à Djerba (sud de la Tunisie) pour rapatrier des milliers de réfugiés égyptiens ayant quitté la Libye. Plus de 191 000 personnes ont fui à ce jour les violences et environ 10 000 personnes déplacées se dirigeaient vers la frontière égyptienne, selon l’ONU. (Avec AFP)
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Lire aussi « Tunisie : Terminus Ras el-Jdir » pour les réfugiés de Libye, dans le numéro 2617 de Jeune Afrique en kiosques du 6 au 12 mars 2011.
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