Côte d’Ivoire : Toulépleu aux mains des FN, les combats à Abobo continuent

Les éléments d’une reprise de la guerre civile s’accumulent en Côte d’Ivoire. Combats meurtriers dans l’Ouest et à Abidjan, blocage politique, régime économiquement aux abois, médiations internationales au point mort… Le pays peut-il éviter le pire ?

Des manifestants sur le lieu où les forces pro-Gbagbo ont tué plusieurs femmes, le 3 mars 2010. © AFP

Des manifestants sur le lieu où les forces pro-Gbagbo ont tué plusieurs femmes, le 3 mars 2010. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 7 mars 2011 Lecture : 3 minutes.

Un nouveau cap dans la crise postélectorale ivoirienne a été franchi ce dimanche, dans l’ouest du pays. L’ex-rébellion ivoirienne des Forces nouvelles (FN), qui soutient Alassane Ouattara, a arraché la ville de Toulépleu aux forces fidèles au président sortant Laurent Gbagbo. « Il y a eu d’âpres combats à Toulépleu. Les Forces nouvelles ont pris la ville », ont déclaré des élus locaux. « Les rebelles étaient plus nombreux que nos jeunes, qui défendent la ville et ont dû opérer un repli tactique », ont-ils ajouté. Un combattant FN dans la zone a indiqué que son camp visait désormais la ville de Bloléquin, plus à l’est.

La prise de Toulépleu est un revers important pour le régime de Gbagbo. Cette grande ville proche de la frontière avec le Liberia est située au sud de la ligne de front qui s’était dessinée après le putsch manqué de 2002, à l’issue duquel la rébellion de Guillaume Soro avait pris le Nord du pays.

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Exode vers le Liberia

Mais la victoire des FN à Toulépleu ne s’est pas faite en un jour. Dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, les combats avaient repris depuis environ deux semaines entre Forces de défense et de sécurité (FDS) de Gbagbo, appuyées par des miliciens, et les éléments FN. Les combats ont amplifié l’exode des habitants de la région vers le Liberia, qui a déjà accueilli plusieurs dizaines de milliers d’Ivoiriens depuis le début de la crise postélectorale.

Le même phénomène s’est produit plus localement dans le quartier populaire pro-Ouattara d’Abobo, nord d’Abidjan, vidé de ses habitants par les affrontements qui s’y déroulent depuis plus de deux semaines entre FDS et des insurgés armés accusés par le camp Gbagbo d’être des FN.

Dimanche, selon des témoins, des tirs nourris – notamment de kalachnikov – y ont été une nouvelle fois entendus. C’est dans ce quartier que sept femmes qui manifestaient jeudi dernier en faveur d’Alassane Ouattara ont été tuées par des balles tirées par des forces fidèles à Gbagbo. Mais le gouvernement du président sortant a nié la responsabilité de ces crimes, qui pourraient tomber un jour sous le coup de la Cour pénale internationale (CPI). Laquelle s’est dite prête à « agir vite ». Selon l’ONU, dont le Conseil de sécurité dit redouter une « résurgence de la guerre civile », plus de 370 personnes ont été tuées dans des violences depuis fin 2010.

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Gbagbo et Yao N’Dré acceptent l’invitation de l’UA ?

Autres faits dont le camp Ouattara accumule des preuves en vue de confondre les donneurs d’ordre : les menaces pesant sur la vie de personnes soupçonnées de soutenir le président élu. Un conseiller de ce dernier, Amadou Coulibaly, a ainsi affirmé qu’ « une vingtaine de maisons de ministres et de partisans de M. Ouattara ont été pillées ces derniers jours », accusant des « jeunes partisans de M. Gbagbo accompagnés de FDS », et disant détenir des témoignages de voisins.

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Face à la dégradation constante de la situation sécuritaires et aux exactions en tous genre, la communauté internationale est bien impuissante. Le panel de l’Union africaine sur la crise ivoirienne a exigé « l’arrêt immédiat des tueries » et des manifestations pouvant « dégénérer en troubles et en violences ». Par l’intermédiaire du président de la Commission de l’UA, Jean Ping, les cinq présidents africains du panel ont invité samedi les camps des deux adversaires à une réunion avec les chefs d’État du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA, le 10 mars à Addis-Abeba. Ouattara a accepté et, selon des sources proches de la Commission, Gbagbo et le président du Conseil constitutionnel Paul Yao N’Dré, également invité, auraient également donné une réponse positive. (Avec AFP)

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