En route pour la deuxième République tunisienne
Fouad Mebazaa, président par intérim de la Tunisie depuis la chute de Ben Ali, vient d’annoncer l’élection, le 24 juillet prochain, d’une Assemblée nationale constituante. Ses membres devront ensuite préparer une nouvelle Constitution qui consacrera la naissance de la deuxième République.
En Tunisie, on fête la République chaque 25 juillet depuis 1956. Mais en 2011, c’est la naissance de la deuxième République qui sera célébrée le 24 juillet avec l’élection d’une Assemblée nationale constituante (ANC), annoncée par le président intérimaire Fouad Mebazaa.
Dans un discours très attendu par les Tunisiens, Mebazaa a déclaré : « Nous proclamons aujourd’hui l’entrée dans une nouvelle ère […] dans le cadre d’un système politique nouveau qui rompt définitivement avec le régime déchu. »
Nouveau code électoral
Dans son adresse télévisée à la nation du jeudi 3 mars, Fouad Mebazaa n’a finalement rien appris aux Tunisiens car les principales mesures annoncées lors de cette allocution sont l’objet des revendications actuelles. « Toute réforme politique sérieuse et profonde requiert une base constitutionnelle nouvelle, reflétant la volonté du peuple », a-t-il affirmé. Il a ainsi reconnu que « la Constitution actuelle ne répond plus aux aspirations du peuple après la révolution, ayant été travestie par de nombreux amendements qui empêchent une vie démocratique, et qui constituent un obstacle à l’organisation d’élections transparentes et à l’instauration d’un climat politique où tout un chacun bénéficie de l’égalité, et de la liberté ».
La mise en place d’un processus démocratique exigeant d’adapter le code électoral et les lois régissant la vie politique, la commission des réformes politiques proposera une nouvelle réglementation. Ladite commission consultera dans ce sens les différents partis politiques et les représentants de la société civile à Tunis et dans les régions, avant la fin du mois de mars. Une fois adopté, le nouveau code électoral, permettra d’entamer la préparation d’élections législatives et présidentielle.
En attendant, la nouvelle feuille de route dévoilée par Mebazaa propose également une continuité des pouvoirs publics avec un président de la République intérimaire et un gouvernement transitoire dirigé par l’actuel Premier ministre, Béji Caïd Essebsi. Les pouvoirs de cet exécutif temporaire prendront fin avec l’élection et l’entrée en fonction de l’ANC.
Foued Mebazaa a assuré, par ailleurs, que dans les mois à venir les priorités du gouvernement transitoire seront l’emploi, l’amélioration niveau de vie et une transition démocratique du pouvoir.
Approbations et réserves
Cette déclaration a suscité l’approbation de l’Union générale des travailleurs tunisiens, puissante centrale syndicale en Tunisie. « Nous allons travailler avec les autres forces politiques pour aider l’autorité publique à réaliser sa mission. Le programme est clair, il n’y a plus de flou », s’est réjoui Ali Ben Romdhane, le secrétaire général adjoint de l’UGTT.
De son côté, le Parti communiste ouvrier tunisien a salué une « victoire du peuple et de la révolution », selon Hamma Hammami, chef du parti. Il a cependant émis des réserves quant au délai de quatre mois imparti pour la préparation de l’élection de l’Assemblée nationale constituante, qu’il juge insuffisant.
Le nouveau Premier ministre par intérim Béji Caïd Essebsi devrait par ailleurs annoncer ce vendredi la constitution de son nouveau cabinet ministériel. Ce sera le troisième gouvernement de transition depuis la fin du régime de Ben Ali, les deux premiers ayant été dirigés par Mohamed Ghannouchi. Après la démission de ce dernier sous la pression de la rue, d’autres défections ont suivi, fragilisant la transition démocratique.
En deux jours, cinq ministres, dont les deux représentants des partis d’opposition, ont présenté leur démission. (avec agences)
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