Opération « mains propres » dans l’Égypte post-Moubarak

Accusés de corruption et détournements de fonds, les hauts dignitaires égyptiens sous Hosni Moubarak sont visés par une opération « mains propres ». Avec son lot de révélations sur des malversations, de poursuites judiciaires, d’arrestations et de démissions.

Farouk Hosni, ex-ministre de la culture égyptien visé par l’opération « mains propres ». © AFP

Farouk Hosni, ex-ministre de la culture égyptien visé par l’opération « mains propres ». © AFP

Publié le 26 février 2011 Lecture : 3 minutes.

Chasse aux sorcières ou coup de balai dans les écuries d’Augias en Égypte ? Face à la persistance des critiques contre les anciennes figures du régime toujours en place, les nouvelles autorités tentent manifestement d’imposer une rupture avec l’ère passée.

Les Égyptiens, principaux acteurs de la révolution, ont fait entendre qu’ils ne se contenteront pas de simples réformes. Ils réclament la refonte profonde d’un système politique, administratif et économique, depuis trop longtemps dans les seules mains d’une élite.

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Pratiques novatrices

Quatre ex-titulaires de grands ministères accusés de blanchiment d’argent et de détournement de fonds ont déjà été arrêtés. Il s’agit de Zoheir Garranah du Tourisme, Habib el-Adli de l’Intérieur, Ahmad al-Maghrabi de l’Habitat et Anas al-Fekki de l’Information.

Interpellé à son domicile sur instruction de la section financière du parquet, jeudi 24 février, le président de l’audiovisuel d’État, Oussama el-Cheikh, est venu allonger la liste.

Mercredi, la justice égyptienne avait déjà elle-même communiqué une liste de personnes ayant interdiction de quitter le pays. Parmi elles figuraient l’ancien Premier ministre, Atef Ebeid, et le ministre de la Culture, Farouk Hosni, à son poste depuis vingt-trois ans et candidat malheureux à la direction de l’Unesco en 2009. Selon le site de Radio France Internationale (RFI), cette mesure vise aussi plusieurs hommes d’affaires milliardaires. RFI précise également que l’étau se resserre autour de l’ex-président du Sénat et de l’ancien directeur de cabinet du président déchu.

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Ce sont des pratiques novatrices dans un pays où l’impunité était jusque-là la principale règle de conduite. La rupture est radicale, au point que les ministres ont même été filmés dans leur uniforme carcéral.

De son côté, la famille proche du président Moubarak a vu l’ensemble de ses avoirs gelés en Suisse. La somme se compterait en « dizaines de millions » de francs suisses, selon le ministre des Affaires étrangères de la Confédération helvétique.

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Le cercle de Gamal Moubarak

D’anciens responsables politiques ou économiques, proches du fils de l’ex-président, Gamal Moubarak, sont également visés. Très impopulaire dans la rue, le fils Moubarak l’est aussi parmi les militaires qui tiennent aujourd’hui les rennes du pouvoir.

D’autres personnalités sont en ligne de mire pour avoir orchestré la répression policière contre la révolte populaire ou dirigé l’appareil de propagande de l’ancien pouvoir. Le milieu d’affaires qui gravitait autour du président Moubarak n’est pas non plus épargné.

L’industriel Ahmad Ezz, une des plus grosses fortunes du pays, à la tête du secteur de l’acier, est derrière les barreaux depuis jeudi. Il était également considéré comme l’éminence grise du fils de raïs, Gamal Moubarak.

La presse participe aussi à ce procès géant. « Corrompus jusqu’à la moelle », titrait Al-Akhbar tandis que le quotidien économique Al-Alam al Youm annonçait : « Le gouvernement déclare la guerre à la mafia des terrains », accusée d’avoir cédé à vil prix des milliers d’hectares de terres appartenant à l’État pour des opérations immobilières.

La publicité donnée à cette lutte contre la corruption s’explique aussi par le contexte social tendu. Entres autres, les revendications salariales et la colère populaire contre le climat d’argent facile qui a prévalu dans les dernières années du pouvoir de M. Moubarak au profit de ses proches.

« Il y a encore du chemin à faire […] de nombreux caciques de l’ancien régime sont toujours là », expliquait à l’AFP un jeune militant qui a manifesté à la place Al-Tahrir au Caire. (Avec AFP)

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