Procès Chebeya : des témoignages compromettent la police congolaise

Deux témoins ont apporté des informations capitales, qui accablent la police dans l’affaire de la mort du militant congolais des droits de l’homme, Floribert Chebeya.

Floribert Chebeya a été retrouvé mort le 2 juin 2010. © AFP

Floribert Chebeya a été retrouvé mort le 2 juin 2010. © AFP

Publié le 25 février 2011 Lecture : 2 minutes.

Le procès des policiers soupçonnés d’être impliqués dans la mort du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya se poursuit à Kinshasa. Un témoin, appelé jeudi 24 février à la barre, a fourni des détails qui pourraient directement impliquer la police congolaise. Selon Mbala Ndonzvao, ex-chef du quartier Mitendi – près de Kinshasa – plusieurs représentants des forces de l’ordre ont été vus par des habitants des environs déposant le corps du militant des droits de l’homme dans sa voiture vers 5h00 (4h00 GMT), le 2 juin.

C’est là qu’il a été retrouvé plus tard dans la journée, sans vie et après avoir subi de mauvais traitements, dans une mise en scène qualifiée de « grossière » par l’ONG La Voix des sans Voix qu’il dirigeait : Floribert Chebeya était dénudé, les mains attachées, gisant à l’arrière de sa voiture jonchée de mèches de cheveux de femmes, de préservatifs et de faux ongles.

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Les témoins disent avoir vu « deux jeeps de la police arriver » avec la voiture de Chebeya et s’arrêter au bord de la route. La personne qui conduisait la voiture du militant en est « descendue puis est montée » dans l’une des deux jeeps de la police qui sont reparties ensuite en direction de Kinshasa, a relaté Mbala Ndonzvao.

Reconstitution

La cour a assisté à une reconstitution au bord de la route, à laquelle près de 500 curieux étaient venus assister. Elle s’est ensuite déplacée à l’Inspection générale de la police (IG), où un second témoignage est venu apporter un nouvel éclairage sur l’affaire.

Gomer Martel, un témoin présent dans les locaux de la police le 1er juin dans la soirée, affirme y a voir croisé Floribert Chebeya entre 19h00 et 20h00. Il s’y trouvait pour un rendez-vous avec le général John Numbi, suspecté par la partie civile d’être le commanditaire du meurtre.

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John Numbi n’a pas été inquiété dans cette affaire, mais il a été suspendu de ses fonctions peu après les faits. En revanche, son subalterne le colonel Daniel Mukalay, chef des services spéciaux de la police, fait partie des agents actuellement jugés par la cour. Il n’a jamais nié l’existence de ce rendez-vous entre Numbi et Chebeya, mais n’a eu de cesse d’affirmer, depuis le début de l’enquête, que l’entrevue n’avait jamais eu lieu.

Présent lors du déplacement de la cour à l’IG, Mukalay s’est montré très nerveux devant les affirmations du témoin, le qualifiant de « menteur » et de « délinquant de grand chemin ».

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"Couloir de la mort"

« M. Martel a toujours dit avoir vu Floribert ici dans un couloir à côté d’un escalier le 1er juin. Aujourd’hui il nous a montré où il l’a vu, dans ce couloir de la mort », a déclaré Dolly Ibefo, le directeur exécutif de la Voix des Sans Voix.

« Un policier a même dit [à M. Martel] : "Ne venez pas là, le général va se fâcher s’il vous voit." Pour nous ça veut dire que ce soir-là, le général Numbi était là aussi, avec le colonel Mukalay », a-t-il ajouté.

Interrogé également par la cour, un policier scientifique a dit avoir, lors de ses premières constatations sur place ce 2 juin, relevé notamment du sang coulant de la bouche du militant, et son « cou tournant dans tous les sens, ce qui est anormal ».(avec AFP)

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