Libye : quand Kadhafi se compare à la reine d’Angleterre
Dans un message audio diffusé par la télévision libyenne, Mouammar Kadhafi répète que les opposants sont des drogués manipulés par l’étranger ou des djihadistes à la solde de Ben Laden. Et affirme qu’il n’a pas plus de pouvoir que… la reine d’Angleterre.
Discours de Mouammar Kadhafi à la télévision nationale libyenne, le 22 février 2011. © AFP
Mouammar Kadhafi s’est exprimé jeudi dans un message audio d’une quinzaine de minutes apparemment enregistré au téléphone et diffusé à la télévision nationale libyenne à 14h15 (GMT). C’est le dixième jour d’une révolte spectaculaire en Libye qui a vu l’est du pays complètement échapper au contrôle de Tripoli, elle-même victime de violences dans la banlieue est pendant la nuit. Mais apparemment le « Guide » n’a pas encore pris la mesure de la situation, alors que des milliers d’expatriés fuient le chaos libyen.
Pour lui les opposants ne sont que des djihadistes ou des drogués. « Ces gens n’ont pas de vraies revendications, leurs revendications sont celles de Ben Laden », affirme-t-il. Il a présenté ses « condoléances aux familles de quatre personnes des forces de sécurité tuées » à Zawiyah (60 km à l’ouest de Tripoli). Peu avant, l’agence officielle Jana avait indiqué que des « terroristes » avaient pris d’assaut un centre d’une force sécuritaire et égorgé trois soldats selon la « méthode de l’ancien [chef terroriste d’Al-Qaïda en Irak] Abou Moussab Al-Zarkaoui ».
"Je n’ai pas le pouvoir de faire des lois"
« Je me demande si Ben Laden va aider à indemniser les familles », a simplement ajouté le « Guide » avant d’affirmer qu’il n’a pas de pouvoir formel, comme lors de sa précédente interview, mardi. « Je n’ai pas le pouvoir de faire des lois ou de faire appliquer la loi. La reine d’Angleterre n’a pas cette autorité. C’est exactement mon cas », a-t-il dit.
Autre leitmotiv du « Guide » : les opposants prennent de la drogue distribuée par des « agents de l’étranger ». Il tente en fait de discréditer de manière un peu malhabile un mouvement de protestation qui s’est étendu de la frontière égyptienne jusqu’à la localité d’Ajdabiya plus à l’ouest, en passant par Tobrouk, Derna et Benghazi, épicentre de la contestation à 1 000 km à l’est de Tripoli. (Avec AFP)
