Après l’euphorie de la révolution, l’inquiétude s’empare des Tunisiens
Meurtre d’un prêtre, incidents antisémites, attaques d’islamistes contre des maisons closes, agressions, insécurité, criminalité, vague d’immigration sans précédent… Les motifs d’inquiétude se multiplient ces dernières semaines. Et les Tunisiens attendent le retour de la stabilité avec impatience.
Vendredi 18 février, le meurtre de Marek Rybinski, prêtre polonais et économe de l’école Salésienne de la Manouba (un faubourg de Tunis), a augmenté l’inquiétude sécuritaire dans le pays. Âgé de 34 ans, il a été retrouvé égorgé dans un dépôt de l’école privée dans laquelle il officiait. Pour Farhat Rajhi, le ministre de l’Intérieur, c’est "un groupe de terroristes fascistes ayant des orientations extrémistes qui est derrière ce crime, compte tenu de la façon dont il a été assassiné". Mais il n’a pas précisé s’il désignait ainsi les islamistes, tant la théorie du complot des ex-benalistes est présente dans les esprits.
Cette première atteinte d’un membre d’une communauté religieuse n’est évidemment pas rassurante, dans un contexte marqué, la semaine dernière, par des incidents antisémites. Des salafistes et d’autres franges d’extrémistes islamistes avaient manifesté devant la grande synagogue de Tunis en scandant des slogans hostiles à la communauté israélite.
Une poussée intégriste est bel et bien en cours en Tunisie. Depuis 10 jours, les activistes islamistes s’en prennent ouvertement aux maisons closes et aux bars. Ils ont ainsi fermé, sans que les forces de l’ordre n’interviennent, les lieux chauds du Kef, de Sousse et de Kairouan – qui étaient pourtant sous le contrôle de l’État, la prostitution étant interdite par ailleurs.
"Ostentatoire et contraire à l’islam"
Vendredi 18 février après la prière, c’est le quartier de « Abdallah Guech », dans la médina de Tunis, qui a été visé. Des dizaines d’islamistes ont tenté d’attaquer et d’incendier cette rue où se trouvent des maisons closes selon le principe des quartiers réservés coloniaux. Ils ont été contrés par les habitants du quartier et mis en déroute par l’intervention de la police et de l’armée appelées à la rescousse. Puis ils se sont réunis juste après pour une prière sur l’Avenue Bourguiba. « C’est ostentatoire et contraire à l’islam. On ne peut proférer des grossièretés, agresser des personnes et prier dans la foulée. Il faut que ça cesse et que les forces de l’ordre soient vraiment présentes », plaidait un témoin scandalisé.
Pour la société civile, il est hors de questions de subir la loi de minorités agissantes et c’est sous haute tension que doit se dérouler ce samedi après midi, dans le centre de la capitale, une marche pour la laïcité. Le vide sécuritaire, depuis la révolution du 14 janvier, favorise l’installation d’une instabilité qui provoque un sentiment de peur chez les citoyens. Recrudescence des braquages, agressions, immigration clandestine et manifestations incontrôlées en sont les signes visibles au quotidien.
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