Guy Rossatanga Rignault : « Il n’y a qu’un seul président au Gabon »
Professeur de droit public et sciences politiques, conseiller spécial en chef du président Ali Bongo Ondimba et chef du département juridique de la Présidence gabonaise, Guy Rossatanga Rignault réagit à une situation politique marquée par la prestation de serment de l’opposant André Mba Obame. Qui est depuis réfugié au PNUD, à Libreville. Interview.
André Mba Obame se trouve toujours dans les locaux du Pnud à Libreville. Il y a-t-il deux présidents au Gabon ?
A l’évidence non. Les faits nous donnent à voir qu’il n’y a qu’un seul président et un gouvernement au Gabon. Quant à ceux qui se sont installés au PNUD, vous le savez, c’est de leur propre chef qu’ils s’y trouvent.
Le pouvoir répondra-t-il aux appels au dialogue lancés par d’autres leaders de l’opposition ?
Il ne m’appartient pas de répondre à une telle question, mais, permettez-moi de m’interroger. Qu’entend-on par dialogue ? Il m’avait semblé voir le nouveau président dès sa prise de fonction tendre la main à tous les hommes de bonne volonté. Le Gabon n’est certes pas le paradis sur terre, mais de là à nous faire croire que c’est l’enfer de la non-communication ! Il existe un Parlement qui offre, quoi qu’on en dise, un cadre d’expression démocratique. Je note du reste que, dès l’élection présidentielle terminée, certains n’ont eu de cesse de s’y faire élire. Et lorsqu’Ali Bongo Ondimba rencontre et parle avec Pierre Mamboundou, n’est-ce pas du dialogue ?
Une nouvelle opposition radicale, voire révolutionnaire, est-elle en train de naître au Gabon sous l’impulsion de l’Union nationale ?
N’exagérons rien ! Il n’y a pas encore de recul suffisant pour en juger. Certes, nul ne peut savoir de quoi demain sera exactement fait, mais qui, au Gabon, a vraiment intérêt à rendre incertain le quotidien de tous ? Pour le reste, je citerai ce belle phrase de Yasser Arafat : « La révolution n’est pas un pique-nique ! » Lui savait de quoi il parlait, croyez-moi.
Comment sortir de cette crise sans affecter l’image du Gabon ?
Nous vivons un temps d’hypermédiatisation où il est extrêmement aisé de faire prendre des vessies pour des lanternes. On peut donc, en faisant du buzz sur internet, faire passer le bon pour le méchant et vice-versa. Mais ce genre de bulle finit toujours par éclater.
Après avoir montré de la fermeté en prononçant la dissolution de l’Union nationale (UN), quelles mesures pourrait prendre le gouvernement pour apaiser les esprits avant l’échéance des législatives ?
Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. À cet égard, il serait quand même temps qu’on finisse par comprendre, en Afrique, que la légalité, même imparfaite, est le commencement de la démocratie. Le refus de la norme, quelle qu’en soit la justification, est tout sauf un élément de la démocratie. Quant à la dissolution de l’UN, rien ne s’oppose légalement à ce que les membres de ce mouvement se reconstituent sous un autre nom. Rien n’interdit non plus que ceux qui s’en réclament se présentent en candidats indépendants, la loi le permet. Enfin, si les conditions qui ont entraîné la dissolution n’existaient plus, je ne vois pas de raison que ce parti ne renaisse sous cette dénomination le cas échéant.
Propos recueillis par Georges Dougueli
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