Libye : bilan meurtrier de la répression, nouvelle journée de révolte en vue

L’appel sur Facebook à une « journée de la colère », jeudi, a été suivi dans plusieurs villes de Libye. La répression a fait entre neufs et 24 tués, selon les sources. Les affrontements risquent de se poursuivre vendredi, notamment à Benghazi où l’armée a été déployée.

Manifestants pro-Kaddafi, le 17 février 2011 à Tripoli. © AFP

Manifestants pro-Kaddafi, le 17 février 2011 à Tripoli. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 18 février 2011 Lecture : 3 minutes.

Le bilan des affrontements de jeudi entre des manifestants anti-Mouammar Kadhafi et les forces de sécurité du régime est lourd : au moins neuf morts et des dizaines de blessés – 35 selon les sites Libya Al-Youm et Al-Manara. « Sept manifestants ont été tués dans les manifestations de jeudi à Benghazi » (deuxième ville du pays, située à 1 000 km à l’est de Tripoli), a déclaré une source médicale locale. Un chiffre confirmé par le journal Quryna, proche de Seif al-Islam (fils du « Guide » libyen), reprenant une « source sécuritaire responsable ».

L’organisation Human Rights Watch, qui cite des témoins, parle quant à elle d’au moins 24 manifestants tués et de dizaines d’autres blessés par les balles des forces de sécurité, alors que les protestations étaient « pacifiques », selon l’ONG.

la suite après cette publicité

Al-Baïda s’enflamme

Quryna avait auparavant fait état de deux manifestants tués à Al-Baïda, à 200 km à l’est de Benghazi, au cours de ce jeudi nommé « journée de la colère » par des opposants sur Facebook. Signe de la virulence de la contestation : plusieurs véhicules de la police et voitures de particuliers ont été incendiées par la foule à Al-Baïda. Des vidéos circulant sur internet montraient des dizaines de jeunes scandant « Le peuple veut faire tomber le régime », tandis que des voitures prenaient feu. Selon Quryna, qui cite des « sources de sécurité bien informées », le ministère de l’Intérieur a limogé un haut responsable local des services de sécurité, à la suite de ces décès.

Libya Watch, une ONG des droits de l’homme basée à Londres, a fait état d’ « au moins quatre morts et plusieurs blessés » à Al-Baïda lorsque « les forces de la sécurité intérieure et des milices des comités révolutionnaires ont dispersé, en usant des balles réelles, une manifestation pacifique de jeunes ». Le site d’opposition Libya Al-Youm a aussi parlé d’au moins quatre morts par balles. Des manifestations violentes ont également eu lieu à Zenten (145 km au sud-ouest de Tripoli) où plusieurs personnes ont été arrêtées et des postes de police et un bâtiment public incendiés, a indiqué Quryna sur son site internet sans faire état de victime.

Les obsèques des personnes tuées devraient avoir lieu ce vendredi et risquent de catalyser un peu plus les protestations. En particulier à Benghazi où des milliers de Libyens sont descendus dans la rue dans la nuit de jeudi à vendredi pour protester contre la violence de la répression policière. Du coup, c’est la surenchère : l’armée a été déployée au matin et l’ambiance est extrêmement tendue.

la suite après cette publicité

Tripoli ne suit pas

L’appel à cette « Journée de la colère » en Libye n’a en revanche pas été suivi à Tripoli, où des centaines de manifestants pro-régime se sont rassemblés sur la Place verte au cœur de la capitale, tandis que d’autres défilaient en voiture au son des klaxons dans les rues. « Kadhafi, le père de tout le peuple », « La foule soutient la révolution et le leader », pouvait-on lire sur leurs pancartes.

la suite après cette publicité

La sécurité était légèrement renforcée sur les artères principales de Tripoli et la circulation plus fluide que d’habitude. Des centaines de manifestants pro-régime ont défilé aussi à Benghazi, Syrte (est) et Sebha (sud), selon des images de la télévision d’État diffusées en boucle.

Mercredi soir, des SMS avaient été envoyés par « les jeunes de la Libye » sur le réseau de téléphonie mobile, mettant en garde celui qui « oserait toucher aux quatre lignes rouges » : Mouammar Kadhafi, l’intégrité territoriale, l’islam et la sécurité du pays. Les comités révolutionnaires, piliers du régime, ont prévenu de leur côté qu’ils ne permettraient pas que « les acquis du peuple soient pillés et la sécurité du citoyen et la stabilité du pays soient menacées ». (Avec AFP)

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

La Place de la Perle à Bahreïn, occupée par les manifestants. (Février 2015) © AFP

L’onde de choc des révolutions dans le monde arabe

Mouammar Kaddafi (d) en Libye, le 23 janvier 2007, avec l’ex-président égyptien Hosni Moubarak. © AFP

Libye : sur Facebook, la révolte gronde contre Kadhafi

Contenus partenaires