Des migrants rescapés d’un naufrage accusent la garde nationale tunisienne

Plus d’une centaine de Tunisiens, candidat à l’immigration clandestine, ont vu leur bateau couler au large des côtes italiennes. Ils pointent du doigt les gardes-côtes tunisiens, qui auraient délibérément saccagé leur embarcation.

Un bateau utilisé par des immigrants tunisiens échoué le 14 février à Lampedusa. © AFP

Un bateau utilisé par des immigrants tunisiens échoué le 14 février à Lampedusa. © AFP

Publié le 15 février 2011 Lecture : 2 minutes.

Ils étaient partis en pleine nuit, sur un bateau tout neuf, depuis la Tunisie pour gagner l’Italie. Le 11 février, cinq candidats tunisiens à l’immigration ont trouvé la mort dans le naufrage de leur embarcation. Sur les 120 passagers qu’elle comptait, 30 sont encore portés disparus et 85 ont pu être sauvés.

« Il était 15h00. Il faisait beau. Nous approchions de la côte italienne après douze heures à bord, et nous n’étions plus environ qu’à une heure de l’Italie quand un bateau de la garde nationale nous a donné l’ordre d’arrêter les moteurs. Nous avons obéi », raconte Ziad Ben Abdaalah, un des survivants âgé de 23 ans.

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Comme sept autres de ses compagnons d’infortune, le jeune homme pointe du doit la garde côtière, coupable selon eux d’avoir chargé le bateau pour le fendre en deux, alors que les migrants clandestins ne présentaient aucune menace.

« Le bateau de la garde côtière, qui faisait 40 mètres de long, s’est mis en position parallèle avec le nôtre avant de reculer de 700 mètres environ. Nous pensions que le bateau rebroussait chemin, mais soudain il a foncé sur nous. » « Nous avons entendu des gardes nous dire de baisser les têtes, et ensuite ils ont foncé sur nous et ont brisé en deux notre bateau », détaille ce témoin.

Les familles des victimes vont porter plainte

Et puis soudain, juste après le choc, ces survivants affirment avoir vu un hélicoptère italien juste au dessus de leurs têtes avant l’arrivée d’un autre bateau des autorités côtières tunisiennes dans cette zone. « À ce moment, les gardes-côtes ont fait semblant de vouloir nous aider. Quand j’ai réussi à monter sur leur bateau, un des gardes-côtes m’a dit de retourner dans l’eau pour sauver mes amis », ajoute Ziad.

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L’armée serait ensuite intervenue pour reconduire les clandestins à la base militaire de Sfax, en Tunisie où ils ont été nourris, mais surtout interrogés sur la garde nationale tunisienne, rapporte Aziz Bousetta, 26 ans, un autre survivant du drame.

Du coté de la garde côtière, justement, la version est toute autre. Au port de Zarziz, certains ont imputé le naufrage à « la vétusté du bateau ». Mais cette explication ne satisfait pas les familles des victimes. « Nous voulons que les coupables soient jugés car des gens sont morts et nous voulons comprendre pourquoi ils ont fait ce qu’ils ont fait », déclare Nabil Ragdal, frère d’une victime.

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« Nous allons aller jusqu’au bout. Les responsables doivent être jugés, pour meurtres », ajoute-t-il en montrant une autorisation d’enterrement concernant son frère Lasaad, dont le corps a été retrouvé au large de Sfax. L’autorisation cite le président du poste frontalier de la garde nationale de Sfax, qui écrit que Lassad « est mort noyé » et annonce l’ouverture d’une enquête pour « meurtre prémédité ».

Onze familles des victimes et des personnes portées disparues entendent déposer mardi une plainte contre les gardes-côtes du bateau Liberté 302.  (avec AFP)
 

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