Égypte : l’armée décide la dissolution du Parlement et la suspension de la Constitution

L’armée a annoncé dans un communiqué ce dimanche 13 février une série de mesures dont la dissolution du Parlement et la suspension de la Constitution afin de la réviser. Elle réaffirme également sa volonté d’organiser des élections dans les six mois et indique qu’elle gouvernera d’ici là par décrets-lois.

Le maréchal Tantaoui, ministre de la Défense, dirige le conseil suprême des forces armées. © AFP

Le maréchal Tantaoui, ministre de la Défense, dirige le conseil suprême des forces armées. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 13 février 2011 Lecture : 2 minutes.

Sous la pression populaire, l’armée égyptienne a satisfait ce dimanche deux des principales revendications des manifestants qui ont déjà obtenu, vendredi dernier, la démission d’Hosni Moubarak. Le Conseil suprême des forces armées, formé d’une vingtaine de généraux, a d’abord annoncé « la dissolution de l’Assemblée du peuple et de la Choura », les deux chambres d’un Parlement largement dominé par le Parti national démocrate (PND) de l’ancien chef de l’État. De fait, les élections législatives de novembre dernier, marquées par les fraudes et les violences, sont donc annulées.

Deuxième décision de l’armée, annoncée dans son « communiqué numéro 5 », lu à la télévision nationale : la « suspension de la Constitution », la création d’une commission pour élaborer des amendements et l’organisation d’un référendum pour les valider. Ce qui devrait répondre à l’un des principaux griefs de l’opposition : les conditions auxquelles sont soumises les candidatures, notamment pour l’élection présidentielle.

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Verrouillage de la présidentielle

En 2007, plusieurs amendements constitutionnels avaient en effet verrouillé le scrutin présidentiel, chaque candidat devant être un haut cadre d’un parti politique existant depuis au moins cinq ans et détenant au moins 3 % de sièges au Parlement ou recueillant la signature de 250 élus. Des mesures qui visaient à écarter toute candidature des Frères musulmans, mouvement non reconnu, ou celles d’indépendants sans parti, comme le porte-parole de l’opposition Mohamed el-Baradei ou Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe. De même, un autre amendement avait supprimé le contrôle des élections par des juges, ouvrant ainsi la voie à des fraudes massives.

Le conseil militaire a par ailleurs confirmé qu’il prenait « en charge la direction des affaires du pays provisoirement pendant six mois, ou jusqu’à la fin des élections législatives et pour la présidence de la République ». « Le chef du Conseil suprême des forces armées [le ministre de la Défense, le maréchal Mohammed Hussein Tantaoui, NDLR] le représentera auprès de toutes les parties à l’intérieur et à l’extérieur » d’ici là, ajoute-t-il.

Élections dans les six mois

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« Le Conseil suprême des forces armées publiera des décrets à valeur de loi pendant la période transitionnelle » et « le gouvernement d’Ahmed Chafiq est chargé de continuer à travailler jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement ». Lequel aura pour objectif principal d’organiser « des élections pour les chambres haute et basse [du Parlement] et pour la présidence ».

« L’État s’engage à appliquer tous les traités et pactes internationaux dont il fait partie », réaffirme enfin le communiqué, conformément à ce que les militaires avaient annoncé la veille. Seul bémol toutefois, l’armée ne fait pour l’instant pas mention de sa promesse, faite vendredi, de mettre fin à l’état d’urgence en vigueur en Égypte tout au long des trois décennies de règne de Moubarak. (Avec AFP)

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