Législatives tchadiennes : les enjeux du scrutin

Quelque 4,8 millions des 11,1 millions de Tchadiens votent ce dimanche lors des élections législatives. Un scrutin dont les enjeux sont surtout la transparence et le score que réalisera opposition éclatée et absente des isoloirs depuis 2002.

Le président tchadien Idriss Déby, le 29 novembre 2010 à Tripoli. © AFP

Le président tchadien Idriss Déby, le 29 novembre 2010 à Tripoli. © AFP

Publié le 13 février 2011 Lecture : 3 minutes.

Quelque 4,8 millions des 11,1 millions de Tchadiens votaient dimanche lors des élections législatives dont les enjeux dans un pays marqué par les conflits sont la transparence et le score que réalisera l’opposition, absente des isoloirs depuis 2002.

Selon la Commission électorale nationale indépendante (Céni), près de 2.000 observateurs nationaux et internationaux supervisent le scrutin à un tour. L’opposition avait boycotté la dernière présidentielle qui a vu en mai 2006 la réélection du président Idriss Déby, à la tête de l’Etat depuis 1990, arrivé au pouvoir par les armes et ayant bénéficié à plusieurs reprises du soutien de la France.

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Depuis, opposition et majorité ont signé l’accord du 13 août 2007 pour mettre le pays sur la voie de la démocratie et d’élections justes et transparentes, ces législatives repoussées à plusieurs reprises devant en être une illustration. Ces premières élections nationales de l’année seront suivies le 3 avril du premier tour de la présidentielle, avant des élections locales en juin.

Retard à l’allumage

Dimanche matin à N’Djamena, les opérations de vote qui devaient débuter à 6H00 locales (5H00 GMT) pour se terminer à 17H00 (16H00 GMT), ont commencé avec du retard dans plusieurs bureaux de vote, a constaté un journaliste de l’AFP et des bureaux devraient fermer plus tard.

Selon l’une des figures de l’opposition tchadienne, Saleh Kebzabo, qui se présente dans le sud-ouest du pays, les bureaux ont ouvert "avec un peu de retard (…), parfois une heure".

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Dans la capitale, les électeurs se pressaient devant les bureaux dans le calme. "Je suis venu à 6H00, mais il y avait un petit problème d’organisation", a déclaré l’un d’eux dans un bureau du 2e arrondissement de N’Djamena. Moustapha Hisseini Rahmat a précisé que des personnes recensées à cet endroit mais dont le bureau de vote se trouvait ailleurs, "étaient un peu fâchées". "Cette fois-ci (…), nous osons espérer qu’il y aura la transparence", a-t-il dit, alors qu’un autre affirmait souhaiter d’abord "la paix".

Éparpillement partisan

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"Je vote parce que je voudrais exercer un doit civique mais je n’attends pas grand chose de ce scrutin", a déclaré Alain, un électeur de Moundou (sud). Le président Deby a été le premier à déposer son bulletin dans le 1er arrondissement de la capitale, appelant les Tchadiens à se déplacer "massivement" pour choisir leurs députés et souhaitant "que le pays sorte grandi de ces élections (…), que le peuple tchadien sorte de cette élection uni".

N’ayant pas participé à un scrutin depuis près de neuf ans, l’opposition espère assurer sa position à l’Assemblée nationale avant la présidentielle d’avril, mais son morcellement (plus de 100 partis existent au Tchad) et les moyens déployés pendant la campagne par le Mouvement patriotique du Salut (MPS) du président Deby ne sont pas à son avantage. En déplacement dans le sud du pays, à Moundou, le chef de la mission d’observation européenne, l’ancien ministre des Affaires étrangères belge Louis Michel a jugé le déroulement "très positif, la population est calme".

"Manifestement, (…), il y a une certaine faiblesse de la capacité organisationnelle de la Céni", a-t-il toutefois observé, précisant que cela pouvait "affecter l’ambiance des votes et amener les gens à faire des réclamations". La Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC), principale coalition de l’opposition tchadienne, avait relevé jeudi "plusieurs ratés" dans l’organisation de ces législatives, jugeant la "situation pire que les élections passées". La Céni a admis "quelques manquements sur le terrain" mais dit avoir "réagi promptement quand elle était saisie".

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