La transition égyptienne dans les starting blocks

L’armée égyptienne, qui jouit pour l’instant de la confiance d’une partie du peuple, a donné des garanties sur une « transition pacifique du pouvoir » et s’est évertuée à rassurer les Occidentaux sur la suite des événements. Reste au gouvernement à traduire en actes les belles promesses des militaires, alors que la place Tahrir est à nouveau occupée par des milliers d’Égyptiens qui ne veulent pas se faire voler « leur » révolution.

Des milliers de manifestants se sont regroupés dimanche 13 février place Tahrir, au Caire. © Mohammed Abed / AFP

Des milliers de manifestants se sont regroupés dimanche 13 février place Tahrir, au Caire. © Mohammed Abed / AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 13 février 2011 Lecture : 2 minutes.

L’armée est aux manettes, le gouvernement aux affaires courantes, et la place Tahrir – épicentre de la révolution – a été réouverte presque intégralement à la circulation… avant d’être de nouveau occupée par des milliers de manifestants, dimanche à la mi-journée. Deux jours après la chute du raïs, le nouveau pouvoir de transition prend ses marques en Égypte, mais il doit compter avec la mobilisation populaire qui le presse de tenir ses promesses.

Une certaine confiance règne cependant dans la population quant aux garanties données par l’armée au sujet d’une "transition pacifique du pouvoir". "Tous mes rêves sont devenus réalité", assure par exemple Nour Kersha, un étudiant de 24 ans. "Moubarak est parti, nous allons poursuivre le nettoyage de la place [Tahrir, NDLR] jusqu’à la rendre propre", affirmait-il dimanche matin.

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Irréductibles protestataires

Mais il reste de nombreuses résistances, émanant essentiellement de la "ligne dure anti-Moubarak". Quelques brèves échauffourées ont ainsi éclaté dimanche matin entre des soldats et quelques dizaines de protestataires irréductibles qui refusaient de quitter la place Tahrir. Avant que des milliers de personnes ne rejoignent ces derniers pour faire pression sur l’armée.

"L’armée veut tuer la révolution, elle veut que les gens s’en aillent", expliquait un jeune professeur de français dans la matinée. "Nous ne voulons pas partir. Nous resterons jusqu’à ce que l’armée entende nos demandes", a assuré quant à lui un jeune-homme réclamant la levée de l’état d’urgence et la libération des manifestants arrêtés.

Semblant d’épuration

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Outre la satisfaction des revendications du peuple, un semblant d’épuration devrait également faire partie des premiers dossiers qu’a à traiter le gouvernement, qui tient son premier conseil des ministres de l’ère post-Moubarak dimanche. On a ainsi vu le procureur général interdire samedi à l’ancien Premier ministre Ahmad Nazif, de même qu’au ministre de l’Information, Anas el-Fekki, de quitter le pays "au vu des plaintes déposées contre eux", a rapporté l’agence officielle Mena, sans plus de précision. Peu après, la télévision publique a annoncé la démission de Fekki.

Enfin, le nouveau pouvoir égyptien s’évertue à rassurer les Occidentaux. C’est ce qu’a commencé à faire l’armée, samedi, en s’engageant à sont très importants pour la sécurité de l’État hébreu, l’Égypte étant, avec la Jordanie, le seul pays arabe à avoir signé un traité de paix avec lui. Tel Aviv s’est aussitôt félicité de ces "assurances", précisant que le traité était "une pierre angulaire pour la paix et la stabilité dans tout le Moyen-Orient". Mais il reste une question cruciale : on ne sait toujours pas qui dirige vraiment le conseil militaire au pouvoir : le ministre de la défense, Hussein Tantaoui, le vice-président Omar Souleimane (ex-patron des services de renseignement) ou le chef d’état-major des armées, Sami Annan. (Avec AFP)

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