Face à l’afflux massif de migrants tunisiens, l’Italie décrète l’état d’urgence humanitaire

L’arrivée de milliers de clandestins tunisiens sur l’île de Lampedusa fait craindre aux autorités italiennes l’apparition d’une vraie crise humanitaire. Pour la prévenir, Rome prend des mesures draconiennes et appelle l’UE au secours.

Embarcation de migrants à l’approche de Lampedusa en septembre 2008. © AFP / Marine nationale française

Embarcation de migrants à l’approche de Lampedusa en septembre 2008. © AFP / Marine nationale française

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 13 février 2011 Lecture : 2 minutes.

C’est du jamais vu. Rien qu’au cours de ces cinq derniers jours, près de 5 000 migrants clandestins, essentiellement des Tunisiens, ont débarqué sur les côtes de Lampedusa, selon Antonio Morana, commandant de la capitainerie du port de l’île, située à 200 km du continent. Et ce n’est sans doute pas fini. Du coup, le gouvernement italien a proclamé samedi 12 février l’état d’urgence humanitaire, une procédure permettant de prendre rapidement des mesures pour lutter contre le phénomène. Et tenter d’éviter une révolte d’immigrés, comme celle qui a eu lieu en février 2009.

"Cette décision permettra l’adoption immédiate de la part de la Protection civile des mesures nécessaires pour contrôler ce phénomène et prêter assistance aux citoyens en fuite des pays d’Afrique du Nord", indique un bref communiqué. En clair, cela permet d’éviter aux autorités certaines procédures légales, donne plus d’autonomie aux responsables locaux, comme les préfets, qui pourront prendre des mesures opérationnelles sans attendre l’aval de leur hiérarchie, et autorise également l’utilisation rapide de ressources financières spécifiques.

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"Exode biblique"

"L’exode enregistré ces jours-ci vers Lampedusa est de dimension biblique, un chiffre jamais enregistré auparavant", s’est écrié Bernardino De Rubeis, le maire de la petite île de 20 km2. Au cours de la seule journée de samedi, 214 immigrés clandestins sont arrivés à Lampedusa, à bord de cinq embarcations différentes. Et plus de 1 000 Tunisiens dans la nuit de samedi à dimanche… À croire que le mouvement s’accélère.

Les raisons de cette exode ne sont pas connues avec certitude, mais il semble qu’il y ait une volonté des réseaux de profiter de la désorganisation de l’État tunisien. La police en particulier, souvent associée à l’ancien régime de Ben Ali, est la plus touchée par la "débénalification" de l’administration de ses éléments contre-révolutionnaires.

Pont aérien

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Un pont aérien avec le continent a été mis en place et des ferries sont également utilisés pour désengorger l’île. La protection civile a mis sur pied une cellule de crise. Vendredi, l’Italie avait demandé l’aide de l’Union européenne, mettant déjà en garde contre le risque d’une "crise humanitaire" à cause de cette vague spectaculaire de migrants clandestins.

Dans un communiqué commun, les ministres de l’Intérieur, Roberto Maroni, et des Affaires étrangères, Franco Frattini, avaient réclamé "la convocation urgente d’une réunion au niveau politique du Conseil de justice et des affaires intérieures de l’UE". L’Italie "demande le déploiement immédiat d’une mission Frontex de patrouille au large des côtes de Tunisie pour le contrôle des flux", ont-ils poursuivi. (Avec AFP)

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