Affoussy Bamba, porte-parole de Ouattara : « Une force légitime doit faire partir Gbagbo » de Côte d’Ivoire
Des proches d’Alassane Ouattara ont entrepris une tournée d’explication au sujet de la crise ivoirienne dans les capitales occidentales, dont celles de la France, de la Belgique et des États-Unis. Parmi eux, Affoussy Bamba, porte-parole des Forces nouvelles de Guillaume Soro et du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la Paix (RHDP). Entretien.
Quels sont les objectifs de votre mission ?
Dans la tradition africaine, il est d’usage de se déplacer pour remercier ceux qui vous ont soutenu. Mais notre mission vise aussi à retracer le film des événements, tels qu’ils se sont déroulés sur le terrain, et à réexpliquer à la communauté internationale pourquoi la victoire d’Alassane Ouattara ne souffre d’aucune contestation.
Nous avons également tenu à faire le point de la situation, alors que se profile la venue du panel des chefs d’État mandatés par la Cedeao [vers le 23 février, NDLR]. Nous ne rejetons pas cette solution, qui consiste à explorer les voies pacifiques, mais elle aboutira à une impasse. Ce sera alors un mal pour un bien : tous ceux qui rejettent la solution militaire seront bien contraints de revoir leur position. La seule alternative crédible pour le départ de Laurent Gbagbo, c’est l’usage de la force.
Qu’en pensent vos interlocuteurs ?
Tout en réaffirmant leur soutien au président Alassane Ouattara, ils ont insisté sur leur volonté de privilégier la solution africaine. Ils excluent donc tout engagement militaire, estimant qu’il est de la responsabilité de l’Union africaine et la Cedeao de l’envisager le cas échéant. Nous avons compris que la communauté internationale se garderait bien de franchir certaines limites. Mais nos échanges ont été constructifs et nous sommes allés au-delà des déclarations officielles.
La communauté internationale semble être passée à autre chose…
Je ne pense pas. Si la vie suivait son cours normal en Côte d’Ivoire, ce serait peut-être le cas. Les banques ne disposent plus de liquidité. Actuellement, pour retirer un million de francs CFA, il faut prévenir 48 heures à l’avance. Bientôt, il ne sera même plus possible de retirer le moindre centime. Cette situation ne peut pas perdurer : les populations vont finir par descendre dans les rues, au risque de se faire tirer dessus par l’armée. C’est pour éviter cela que nous demandons à la Cedeao de tirer toutes les conséquences de ses déclarations : il faut qu’une force légitime mette fin aux agissements de Laurent Gbagbo.
Que répondez-vous à ceux qui fustigent un front occidental anti-Gbagbo ?
Il y a eu des élections. Les Ivoiriens ont voté à 84 % au premier tour, puis à 81 % au second, portant en majorité leur choix sur Alassane Ouattara : ce n’est pas un front occidental, mais un front ivoirien. Comme les Tunisiens, les Ivoiriens ont fait la révolution : si les premiers ont manifesté dans les rues pour obtenir le départ du président Ben Ali, les seconds ont marché vers les urnes pour rejeter Laurent Gbagbo. Mais, grâce à une poignée d’individus qui sèment la terreur, il se maintient au pouvoir. Malheureusement, on ne peut pas demander à ce peuple qui a déjà tant souffert de descendre dans les rues pour se faire tirer dessus à balles réelles.
Pas plus tard que le 8 février, les policiers à la solde de Laurent Gbagbo ont tué six personnes à Abobo. Le 9, une nouvelle descente était planifiée, elle a été heureusement stoppée par l’Onuci. Ça ne peut pas continuer : tel est notre message à la communauté internationale. Le peuple ivoirien ne peut pas continuer à souffrir de la folie d’un seul homme et nous avons la solution, certes rejetée par ceux qui redoutent une guerre civile – mais il n’en sera rien. Une opération commando doit être organisée pour enlever Laurent Gbagbo : les Européens l’ont fait à une époque au Kosovo, les Africains peuvent rééditer l’exploit. Nous attendons de la communauté internationale, hors Cedeao et UA, qu’elle soutienne cette initiative.
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